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Full text of "Jerusalem opéra en quatre actes paroles de Alphonse Royer et Gustave Vaez"

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CHAQUE flftCR. 20 CENTIMES. 

-10 CT Î'.T MVUIUM. 


THÉATRK CONTEMPORAIN 1LLISTRÉ 


michki. L(tVT rni:m>, fmrriiK, 
net viviirrc, a m 



JERUSALEM 


' i a: 


OPÉRA EN QUATRE ACTES 

PAROLES 

I)E MM. ALPHONSE ROYER ET GUSTAVE VAEZ \ ç ; 

MUSIQUE DE O. VERDI. * ^r- . V 

REPRÉSENTÉ, POUR LA PHLMILRtt KO LS, A PARIS , SUR LE THÉÂTRE DR l'aCADÉJIII ROYAL! DE MUSIQUE, LE 26 NOVEMRRB 1847 . 

DiMTumi Tio* drI a Pièce 


GASTON, VieomlC de Béarn 

LE COMTE DK TOULOUSE 

ROGER, frère du Comte. . 

ADflEHAR DE MOX r CIL. légat du pape 

RAYMOND, écuyer de Guton 

OR SOLDAT 

UN HERAUT 


MM. Dtrau. 
Portiicact. 
Alrard. 
Brehont. 
Barbo r. 

K. Raim 
Mon me r. 


L‘ÉMIR DE RAMLA MM. GuiSNOr. 

ON OFFICIER DE L’ÉMIH. KOUW. 

HÉLÈNE, fille du Comte M*" Jclian-Vaagllder. 

LSAURE Miller. 

Ciic vali ers. Damer, Pages, Soldat*. Piu.fRixs, PiIriteîit*, cr EléctTtir 
Cimes a» a bu, Femmer dd Haeeu, Peifle de Ramia 


Le premier acte à Toulouse, en 1005, après le concile de Clermont. — Les autres actes quatre ans plus tard, en Palestine. 

— — -^oa- 


ACTE 1. 

Dam ln pelai* du comte de Toulouee. — Um galerie terrant de communi- 
calion entre le palaia et U chapelle élevée de quelques degré* et qu'on 
voit dam toute sa profondeur. En dehora do la galarie, une terreau 
longe le profil du pelai* ; de cette terras** un eocalier deteeud datât Ut 
jardina, qui oa laiaaenl apareeroir que la cima dos arbrei. 


SCÈNE I. 

HÉLÈNE, GASTON, ISAURE. 

Il fait nu if. Au lever du rideau, Hélène est près de la porte qui 
conduit aux appartements, et Gaston au milieu du théâtre , 
écoutant avec inquiétude, h/tare, qui veille au fond, le rassure 
du geste. 


6 aston, revenant auprès d’Hélène. 

Non, ce bruit, ce n'est rien ; mais il faut, mon Hélène, 
Il fout nous séparer. 

HÉLÈNE. 

Et sans m’avoir promis d’oublier cette haine. 

Que mon pèro est près d’abjurer. 

CASTON. 

Il a tué le mien dans une injuste guerro ! 

HÉLÈNE. 

11 t’attend co matin pour réconcilier 
Ta famille et U sienne. 

CASTON. 

Ah! puissé-jo oublier 1 

HÉLÈNI. 

Tu ne m’aimes donc pas ? 

CASTON. 

J éieindrai ma colère! 

Mais s’il me refusait ta maiul 


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JÉRUSALEM. 


IIRLKRE. 

Attends, espère ! 

GASTON. 

Je puis tout pardonner si jo suis ion époux. 

lllilSXR. 

Gaston, voici lo jour! 

CASTON. 

Déjà? 

UKLKKF.. 

Séparons-nous 
ENSEMBLE 

Adieu, mon bien-aimé, va, vpicj l'aurore! 

Il faut nous séparer; mais emporte 1119 foi. 

BASTOW. ^ 

Je pars, ma chère Jlélènu, et je lo juro encore 
D’oublier mes alliants, pour pc songer qu'à loi. 

Gaston sort par l'escalier Otti descend dans les jardin*- tU^ n * 
le tuff despt ra. On falçud sonner Fangelus. 

SCENE », 

1IF4.ÈNE, l*AU4E. 

ISA CHU. 

La cloche sonne. <)fi peut venir, ja tremble. 

HÊI.fcKB. 

Isaurel pour Gaston prions, prions ensemble. 

Isaure ro s'agenouiller sur les marche t de la chapelle. 

PRIÈRE. 

Vierge Marie, 

Ma voix te prip: 

Taris mes pleurs. 

O Vierge de douleurs. 

Fais sur nous descendre 
Ton regard si tendre, 

Vois mes terreurs ! 

Fais que la liainc, en celle enceinte, 

Torn bu et s'efface avec ma crainte, 

Et d’être heureuse enfin viendra le jour. 

Vierge Mario, 

Ma voix te prio 

Sur nous jette un regard d'amour. 

Hélène rentre avec Jsaure dans les appariement*. L'orchestre peint 
le lever du soleil. 

SCÈNE III. 

SEIGNEURS et DAMES. 

. CHOEUR. 

Enfin voici le jour propice 
Qui réunit deux cœurs rivaux. 

Le jour ou dieu dans sa justico 
Vient mettre un terme à tous nos maux. 

Non, plus de guerrel 
Trêve h la haine et paix sincèrel 
Chrétien et frère, 

Môme bannière 
Te guidera. 

Pour la croisade où l'on l'appelle, 

Soldat du Christ, montre ton zèle. 

Toujours fidèle. 

Dieu se révèle, 

11 te suivra. 


SCÈNE IV. 

Las Précédent», LE COMIT, UÉI.KNK, ROGER <t I>AIJIU\ 
t niant des appartements; G NSI ON, anitanl d a dehors, suivi de 
RAYMOND sou écuyer el de quelques Chevalier». 

LS conte, à Gaston. 

Avant que nous partions pour la croisade sainte, 

L’Eglise veut ici nous réconcilier. 

Plus de haine entre nous. Cette loyale étreinte 
Vous eiigage à jamais ma foi do chevalier. 

Ne formons désormais qu’unu même (ami lie, 

Viuenilc de Béarn» je vous donne ma tille. 
rocrr, au comte. 

Mou frère!... 

niitM, owre joie. 

Juste ciel 1 

•ASTON. 

Soyez béflj, soigneur I 
Mon cœur l'avait choisie, 

Vous comblez tous mea vœux. 

. nouas, A port. 

0 rage ! A jslotirie I 
HiUiff. 

Moi* père! mou Gaston! 

ROUIS, A pQrt- 

Oh ! cachous ma fou ni 


ENSEèlBI.i. 

hélAnk. 

Jo Jwnble encor, j'y crois à peine. 

Plus de vengeance, plus do haine! 

Ah 1 d'ivresse mon Ame est pleine! 

C'est Dieu qu| nous prolég* encpj, 

GASTON. 

Uôve béni! j'y crois à peine. 

Dieu me donne ce doux trésor 
J'oublie à jamais ma haine 
Au bonheur je crois encor. 

LE COMT8. 

Désormais plus de haine. 

Que l’amour tous enchaîne. 

Mon Dieu, bénis leur sort. 

ROGER, à part. 

Tremble l j’aurai te vie. 

Tremble l ma jalousie 
Sur loi suspend 1a mort. 

le cnoeuR. 

Sa confiance 
Ksi sans prudence, 

Car la vGiigeanco 
Poul-étre dort, 

U se confie h qui jura sa mort. 

GASTON. 

A vous, comte, jusqu’au trépas. 

ROGER, à part. 

Lui!... lui, la posséder !... jamais! Cherchons un bras 
Qui serve ma colère. 

Jl sort. 

le comtr, à Gaston . 

Tous deux agenouillés à la table de Dieu, 

Scellons dons ce saint lieu 
Notre amitié sincère. 


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JÉRUSALEM. 


8 


SCENE V. 


U* Préckdrtts, LP. LÉGAT. 


LE LEGAT. 

Adhcmar do Mon loil, légat du pape Urbain, 

Au comlo do Toulouse apporte un bref do Homo : 

Lo saint père te nonuno 
Chef des croisés français... 

LB COMTE. 

Nous partirons demain. 


A Gaston. 

Et vous h qui jo donne une fille que j’aime... 

GASTON. 


Je vous suivrai. 


lk cours. 

Pour aigue do ro vom 

Prenez ce manteau blanc où des soldats de Dieu 
Brille le saint cniblèmo. 

Quatre page a s'avancent, détachent le manteau du comté et U pla- 
cent sur Us épaules de Gaston, qui s'est mis à genoux, Le Légat 
fui imposa les mains, Gaston se relève. 

tocs. 

Cité du Seigneur ! 

Saint sépulcre! Calvaire! 

Jardin de douleur, 

Exhalant la prière ! 

Dieu vient pénétrer 
Vos soldats d’un saint zèle, 

Sa voix nous appelle 
Pour vous délivrer. 


Chrétien! souviens-toi 
Du devoir qu’on t’impose, 

Combats pour ta foi, 

De Dieu seul sers la cause! 

Maudis l’offenseur 
Dont l'injuste colère. 

Prendrait de son frère 
La vie ou l’honneur. 

Tout le monde entre dans la chapelle, où un chornr religieux te 
fait entendre. 

Viens! ô pécheur rebelle, 

Entre dans la chapelle, 

Notre Sauvour t'appelle. 

Il t’offre un saint pardon ; 

Et toi, chrétien fidèle, 

Viens invoquer son nom. 

Pendant ce choeur Roger reparaît, il écoute la prière en silence. 


SCEME vi 

ROGER, seul ; puis UN SOLDAT. ' 
Vous priex vainement lo ciel pour mon rival ! 
Pour ta fille, A mon frère! un amour implacable 
Brûlo mon cœur... d'un crime il est capable, 
Avec mélancolie. 

Dieu pourtant n’avait pas voué ma vie au mal... 
L amour pouvait la rendre ou pure ou criminelle! 
lb CHflttift, dans la chapelle. 

Viens ,1a prière l’appelle. 

ROGBR. 

AIH. 

Ohl dans l’ombre, dans lo mystère, 

Feu coupable quo j’ai su taire, 

Reste encor et cache è la terre 


Mes angoisses, mon reuiord. 

Mais redoute ma colère, 

Toi, l’amant qu’elle préfère 1 
Ta tendresse en vain espère, 

Ma vengeance veut ta mort. 

A un soldat gui entre et rient à fui. 

Je t'attendais. 

LB SOLDAT. 

J'ai dû tout préparer moi- même 
Pour fuir après le coup. 

aooca. 

Dana Toulouse étranger 

j Et de tous inconnu, ta main va me venger. 

• LB SOLDAT. 

j Comptez sur moi. 

ROC ER. 

i t Compte sur moi de môme. 

! Conduisant le soldat jusqu’aux marches de la chapelle. 

Tu vois ces deux guerriers couverts de mailles d’or : 

L’un porte un manteau blanc, c’est mon frère quo j’aime. 

F. autre est moo ennemi... frappe ! jo veux sa mort. 

Le soldat entre dans la chapelle. 

SCÈNE VU. 

ROGER, des Soldats. 

fis entrent avec des coupes et des hunaps remplis de vin. 

CHOEUR. 

Fier soldat de la crtindl, 

Bois encore celle rasade. 

Mort et sang quelle taillade ! 

Nous ferons des Sarrasins ! 

En silence ouvrant la porte, 

Les houris prêtent main forte 
Au chrétien qui leur apporte 
Lo plaisir et do bons vins. 

Le chant religieux se fait entendre de nouveau à la (in de cr cireur, 
les soldats se montrent la chapelle ét sortent avec respect, 

ROGER. 

ALLEGRO DB L'aIR. 

Ah ( viens I démon ! esprit du mal ! 

Il t’a livré sa vie. 

Ah ! viens au cœur de mon rival 
Porter le coup fatal. 

A cet amour qui le perdra 
Tout sou bonheur se fie. 

C’est le ciel qu’il prie, 

L'enfer lui répondra. 

/I écoule. 

Mais quel tumulte ! on s’agite, on s’écrie... 

Oui ! 

Le soldat sort de la chapelle en fuyant pâle et trouble. 

Ma vengeance est accomplie ! 

l’kc ut er db caston, sortant de la chapelle suivi par fef cètrafùt'S. 
Au meurtre ! arrêtez l’assassin ! 

Quelques soldats se mettent à sa poursuite. 
rogkr, à part, avec joie. 

Je respire t 

L'enfer assura mon dessein. 

scène vnx. 

Les Mêmes, GASTON, puis HÉLÈNE, ISAURE, LE LÉGAT, LE 
COMTE, ET TOUT LECIIOCCR. 

CASIO». 

Courez ! 

rogeh, * ht lofait à sa vue. 

Ah I lui vivant ! 


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A 


JERUSALEM. 


Haut. 

Qui donc expiro ? 

GASTON. 

Ton frère 1 

•OCM, foudroyé. 

Mon frère ! O terreur I 

U comU.bUni, iaern d 1rs marchts it la ckaptüe loultnu par 
des ehtvalirrs gui 1. conduisent dans les appartements. Hélène 
est auprès de son pire, dans U plus grand dlsespoir. 
caston, retenant Hélène. 

Venez, éloignez - tous d’un spectacle d'horreur. 
bélénb , oTuna voix gémissants. 

Mon père! 

Les soldats qui ont arrêté le meurtrier remennsnt avec lu», et le 
jettent aux pieds de /loger. 

LES CHKVAL1BU3. 

Le voilé ! (A Roger.) L’assassin de ton frère, 
Ceetluil 

HÉLÉNE. 

Vengez mou père t 

LES CHEVALIERS, A HitènS. 

Nous lo Jurons. 

oaston, à Hélène. 

Par le ciol qui m'éclaire!... 
aocih, bas au meurtrier. 

Malheureux!... (En désignant Gaston.) 

C’était lui ! 

Voilé mon ennemi ! 

lis chevaliers, A Hélène. 

Oui, nous jurons de venger la victime. 

rocer, bas au meurtrier. 

Sauve-moi, je te sauve. 

le légat, au meurtrier. 

A commottro un toi crime 

Qui t’a poussé? 

TOUS. 

Réponds I 

IB SOLDAT, désignant Gaston. 

Lui! 

GASTON. 

Moi! 

l’ÉCUTER de CASTON. 

Imposture! 

LBS CHEVALIERS. A Gaston. 

C’est toi t c'est toi ! 

ENSEMBLE. 

LE LÉGAT BT TOUT LE CHOEUR, A Gaston. 

Monstre, parjure, homicide ! 

Du ciel la foudre est rapide. 

Malheur è loi, perOdo ! 

Infâme! è toi malheurt 

rober, à part , isolé. 

D'horreur mon front est livide. 

Ah! sois maudit, fratricide! 

Du ciel la foudre est rapide. 

Malheur à moi ! malheur ! 

GASTON. 

Moi. sacrilège, homicide! 

Dévoile ici le perfide, 

Mon Dieu ! sois mon égidi*. 

Toi qui lis dans mon ca-ui . 

nÉLBNB. 

Non, tu n’es pas homicide ! 

Dévoile ici le perfide, 

Mon Dieu 1 sois son égide, 

Toi qui lis dans son cœur. 


Tous les Chevaliers tirent Cépcr. 
LE LÉGAT. 

Chrétiens, jotez le glaive ! 

La foudre de l’Eglise atteindra le pervers, 

Le sang versé se lève 

Et te crie : Anathème ! — Oui, seul dans Tunivers 
Va! meurtrier du comte! 

Que flétri par le ciel 
El courbé sous ta honte , 

On te refuse, inf&me ! et le pain et lo sel! # 

STRETTE DU FINAL. 

LE LÉGAT ET TOUT LE CHOEUR, A GoSton. 

Sur ton front l'anathêmc. 

Sacrilège en horreur à Dieu môme t 
Imposteur dont la bouche blasphème I 
Meurtrier, sois maudit ! sois maudit ! 

Traîne encor loin de nous ta misère. 

Dans l'exil va chercher quelque terre. 

Où l’écho porte è Dieu ta prière ; 

Ton forfait dans le sang est écrit ; 

Sois maudit!... 

ROctR, A part. 

Sut mon front doit tomber l’anathème, 
Fratricide en horreur à Dieu même ! 

C’est du ciel U justice suprême, 

Vil Caïn, sois maudit ! sois maudit ! 

Oui, sur moi, dans sa juste colère, 

L’Éternel va lancer le tonnerre ! 

A jamais en horreur h la terre, 

Mon forfait dans le sang est écrit !... 

CASTON et HÉLiRY. 

Par le ciel t suspendez l’anathème! 

Car mon cœur en appelle i Dieu même. 
Arrêtez!... Votre touche blasphème! 

coupable! 6 mon Dieu!... maudit! 
Innocent et flétri sur la terre, 

Dansl'eiil™ 1 Ir.lnor misère! 

Non, lo ciel entendra ma prière, 

Et lui seul vengera le proscrit. 


ACTE n. 

Moougnei de Ramie en Pakilino , i lie**# de JdroMk®. — 

Dm caeerne prit d« laquelle «’dlève in croie gfMiitw. Oo «perçoit 
«Uni le lointain U ville arabe de RamU. 


HCÈPTE I. 

ROGER, vtlu d'une robe de bure et ceint dune corde. Au lever du 
rideau il est prosterné devant la crois. 

RÉCITATIF ET AIR. / 

Grâce ! mon Dieu t Do remords déchiré, 

J’ai (ait pieds nus lo saint pèlerinage, 

F4 trois ans j'ai pleuré 
Dans ce deeert sauvage. 


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JÉRUSALEM. 


5 


— A ce front pâle, h ces cheveux blanchis, 

Dans l’eau des sources réfléchis, 

Moi-même je no pais, hélas! me reconnaître! 

— Cette tache do sang s'effacera peut-être t 

Seigneur ! do ton pardon 
Mon âme est altérée ! 

— L’âme d’un fratricide à ton courroux livrée. 

Sans l'irriter peut elle invoquer ton saint nom? 

O jour fatal t 0 crime t 
Tombeau do ma victime, 

Du fond de cet abîme 
Toujours jo te revois. 

Le spectre de mon frère, 

Sanglant sur la poussière. 

Arrête ma prière 
. Et fait trembler ma voix 1 
Pourtant à ma souffrance 
Le del se laisse voir. 

Et Dieu dans sa clémence 
Me garde encor l’espoir. 

(/I rentre dans sa caverne.) 

SCENE zi. 

RAYMOND, i/Écurin de Gaston, se traînant arec peine, brisé 
par la fatigue, puis ROGF.R. 

SUTMOitD. 

Du secours! 6 mon Dieu! faut-il mourir ainsi! 

( Il te laisse tomber sur un fragment de roc.) 

nocta, sortant de sa caverne avec un hâton de pèlerin. 

Que vois-je! un malheureux que la fatigue accable! 

(Il t'approche, et présente à Raymond la gourde qu'il détache de 
son bâton de pèlerin.) 

RAYMOND. 

Donnez, la soif me tue... 

(// porte la gourde à ses lèvres.) 

0 saint hommo, merci ! 

Car j’allais mourir sur ce sable. 

rogbr, lui montrant la caverne. 

Reposez-vous ici. 

NATMOND. 

D’autres sont là perdus dans la montagne... 

ROGER. 

Jo volo à leur secours. 

RAYMOND. 

Le ciel vous accompagne ! 

ROGER. 

KaU, ô mon Diou, quo jo sauve leurs jours ! 

(Il duparait du côté par oit est tvnu Raymond, qui entre dans la 
caverne.) 

8CÈrtE m. 

HELENE et ISAURE, arrivant par un sentier escarpé de la mon- 
tagne.) 

1 SACRE. 

Loin des croisés, madame, et loin de votre père 
Vous hasarder ! 

HÉLÈNE. 

Ce pieux solitaire 

Qu’à l’égal des chrétiens lo Sarrasin révère, 

Jo veux l'interroger. — Du la Franco banni, 


Pour y cacher sa honte, 

Gaston on Palestine est venu. L’on raoonto 
Qu il a trouvé la mort. — Son malheur est fini, 

Non le mien. — Cet ermite 
Peut-être m'apprendra... Chère Isauro, entre vite. 

I sacre se dirige vers la caverne, et aperçoit Raymond qui reparaît. 
Mais voyez sur lo seuil... 

rélène, reconnaissant Raymond. 

En croirai-je mes yeux ? 

L’écuyer de Gaston ! 

RAYMOND. 

Vous, madame, en ces lieux ! 

(Il descend précipitamment auprès d'elle.) 

HÉLÈNE. 

Parle-moi de ton maître. 

Parle, fais-moi connaître 
Les maux qu'il a soufferts. 

RAYMOND. 

Avec lui j'ai quitte la France; 

Le consolant dans sa souffrance. 

Je l’ai suivi dans ces déserts. 

Et toujours sa triste pensée 
Revolait vers sa fiancée, 

Qu’il nommait en pleurant... 

(Hélène chancelle, I taure s’approche lïvement pour le soutenir.) 
HÉLÈNE. 

Achève ! je suis calme. 

Raymond. 

Un jour en combattant, 

Le nombre, hélas ! rendit sa valeur inutile. 

(Indiquant Ramla, qu'on aperçoit dans le lointain.) 
Depuis, dans cotte ville, 

Captif... 

hélène, vivement. 

Il n’est pas mort 
RAYMOND. 

11 est là prisonnier. 

HÉLÈNE. 

Il respire t ê transport t 
AIR. 

Quelle ivresse! bonheur suprême! 

Tu m'attends, ft toi que j’aime! 

Quelle ivresse ! oui, Dieu lui-même 
Nous guida pour nous revoir. 

Noble cœur ! je te proclame 
Innocent d’un crime inftmo. 

Tu m’pppolles, et mon âme 
T’a gardé sa chaste flamme, 

Tu m’appelles, ot mon âme 
Dans ma nuitsouvreà l’espoir. 

I SACRE. 

• Vous oseriez... 

HÉLÈNE. 

Au péril do ma vie, 

Je veux le revoir un instant 
A Raymond. 

* J’ai de l'or ! guide-moi I 

i sacre, voulant la retenu. 

Ma maîtresse chérie!... 

HÉLÈNE. 

i J’irai t c’est mon époux devant Dieu qui m'entend. 

Reprise de l'air. 

Quelle ivresse, etc. 

Hélène, guidée par Raymond, se dirige avec Isaure vers Ramla. 


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JHWJSAim 


SCÈNE iv. 

DES PÈLERINS, accablés par la fatigue et la soif, entrent par 
groupes épars ; quelques uns gravissent te sentier te plus élevé de 
la montagne, et reviennent découragés', ils jettent les yeux avec 
désespoir sur la solitude immense qui les environne. 

Mon Dieu ! vois nos misères 1 
Perdus dans ces déserts, par la soif dévorés, 

No serons-nous pas délivrés 
Par les soldats croisés nos frères? 

CHOEUR. 

O mon Dieu! 

Ta parolo est donc vainc ! 
l-t ce lieu 

Va finir notre peino. 

I>cs ravins 

Partout Tondo est.séchée, 

Et cherchée, 

Elle échappe b no» mains. 

Nos malheur» 

Ont passé notre offense. 

Dans nos cœurs 
Fais surgir l'espérance. 

Daigne enfin 
Signaler la puissance : 

Vers la France 
Ouvre-nous un chemin. 

Sol natal t 

O patrie ! A fontaines ! 

Pur cristal 

De nos sources lointaines f 
Ciel si doux! 

Frais abris des vieuit chôncs 1 
Mourrons nous 
Sans cercueil loin do vous? 

Nous souffrons. 

Maudissant la misère 
El la terre 

Où pour toi nous mourons. 

Ciel I enfin 

Fais surgir l'espérance; 

Ycr» la Franco 
Ouvre-nous un chemin. 

On entend faiblement dans le lointain le bruit d'une fanfare. 

Ecoutez!... cottn marche guerrière!... 

Quelques pèlerins montent vivement sur les hauteurs et rcdercen- 
ednt en s'écriant avec joie: 

Les croisés 1 

TOUS. 

Ah! lo ciel entendit ma prière I 

SCÈNE V. 

Des Cavaliers accourent ou galop annonçant la délivrante aux 
Pèlerins. Bientôt arrive l'armée des croisés, musique en tête, 
défilant du haut de h montagne; après les Soldats, paraissent A 
chcral LE COMTE DE TOULOUSE et LE LÉGAT, entourés de 
Pages et de Chevaliers. Lé iJgal s'arrête devant Us Pèlerins 
qui se prosternent. La suite du cortège fait halte sur la monta- 
gne où ton voit des chevaux cltarfés de bagages et d*S Chariots 
avec des blessés. 

LU CONTR. 

Dieu soit loue ! du tor d'un assassin 


Lui qui sut préserver mon sein. 

LE LC6VT. 

Nous voici parvenus enfin en Palestine! 

Quand le jour renaîtra, 

Dans sa splendeur divine 
Jérusalem h nos yeux paraîtra. 
gcRLüi’ES chevalier», apercevant Roger qui s'avance. 
C’eat lui, c'cst le saint homme 
Que pour sa pieté dans ces lieux on renomme. 

scène vi. 

Lks Précédents, ROGER. 
le conte, allant à Roger. 

Homme de Diou, bénusoz-nous. 

rogeb, frappé de stupeur. 

O ciel ! 

Il tombe à genoux. 

LE COMTE. 

Que fai tes- vous? 

ROGER. 

Chef des soldats du Christ, qui portez sa bannière, 
Lafssez-moi m’incliner le front dans la poussière ! 

LE COMTE. 

Levez-vous ! 

roger, A pari. 

Oh ! tais-toi ! ta'U-toi ! cri dé nioh cœur, 
Le repentir trahirait le Coupable. 

Aux croisés. 

Accueillez dans vos rangs, chrétiens, un misérable ! 

LE COMTE. 

Un saint homme. 

ROGER. 

Un pécheur ! 

Qui s’offre pour combattre en soldat, en vlcîfros ; 

Lo sang pour l'ién versé rachète mémo un crime. 

ROUER, LE LÉO AT St LECOMTE. 

Le Seigneur • 

Nous promet la victoire. 

O bonheur ! 

Nous verrons dans sa gloire 
Le saint lieu. 

Précieux territoire. 

Qui d'un Dieu 
Gardo encore l'adieu. 

Arborons 

La bannière chrétienne, 

Massacrons 

i Cette horde païenne. 

Dieu puissant, 

Notre cause est la tientib J 
Dans le sang 
Retirerions le croissant. 

L'armée se remet ci» marche. 


dtASGBBENT. 

Le rtiéjtrt reprisante le dlv«a dalVRrfr d# fiifflta. 

SCÈNE VII. 

• GASTON rtrre (trtrndnif par Un mnét qui M fait signe f Attendre 

et qui se retire. 
dASTOM, seul. 

L’émir auprès do lui m’appelle. 

Que dois-je craindre encor? de lu France banni, 


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JÊSrSALKM. 


7 


Captif au s«»in d'une ville infidèle, 

Jo ne pourrai combattre dans mon zèle 
Pour les ingrats qui m’ont injuitomenl puni ! 

Hélène est pris do moi !... dans leur camp ! ... Chèro Ilélôno ! 
Dont un destin cruel m’a séparé ! 

No pas te voir, quand le ciel lo ramène! 

Je briserai ma chaîne eljoto reverrai. 


le veui encor entendre 
Ta voix, ta votx si tendre. 

Pour fuir il faut attendre 
Les ombres du soir. 

Ange vers qui s’envole 
Mon rêve d’espoir, 

Bel ange, mon idole, 

Je veux encor te voir. 

flCÉNE VIH. 

GASTON, L’ÉMIR fuir» dé quelques chéiks arabes , puis ir Orri- 

CIEft DE L'ÉMIR. 
l'émir, à Genton. 

Prisonnier dansRamla je t’ai laissé la vie. 

Car je ne voulais pas 
Sur ma ville attirer par une perfldio 
La vengeance dea tiens. — Mais ils portent leurs pas 
Vers ces murs. — Ce palais est ta prison.— Prends garde, 

Si lu chorches h fuir, c’est la mort.— Dieu to garde ! 

on officier, entrant. 

Une femme chrétienne on Arabe vêtue, 

Vient d’êtro prise, Emir, dans les murs de Hamla... 
Ordonne, et sa tête abattue... 

l’émir. 

Non, qu’on l’amène !... 

l'officier. 

La voilé! 

SCÈNE XX. 

Les Précédents, HÉLÈNE, amenée par quelques soldats. 
dASTfr», A part. 

Hélène ! 

hélènE, à pari. 

Ciel ! Gaston ! 

l'Ann. 

Approche, jeune fille !... 

Ici que eberenes-tu? Dis ton nom, la famille. 

(TÉLÉ NI. 

Je to suis inconnue, Ot tu peux sans danger 
M’accorder un asile. 

Les chrétiens passeront «ans attaquer ta ville, 

Mais, mon trépas, ils sauraient le venger I 
l'émir, A part. 

Ce regard ! oei orgueil ! 

l'officier, bas A VÈmir. 

Ils sont d'intelligence. 
l’émir, iwsA rOfficier. 

Qu'ils restent seuls ! ils pourront se trahir. 

A Uillne. 

Si ta bouche a dit vrai, compte sur ma clémence. 

Attends ici mon ordre. 

L’orric.iER, A l'Émir, en sortant. 

Ft moi, je veille. Emir! 


serais je. 

HÉLÈNE, GASTON. 

Ils suivent des yeux l'Emir qui s'éloigne ; restés seul:- ils tombent 
dans les bras l’un de l’autre. 

mn 

CASTOR. 

Mon Hélène !... 

HÉLÈNE. 

Gaston !... 

GASTON. 

Chère âmo, sois bénie ! 

HÉLÈNE. 

Gaston ! j’ai tout bravé. 

Pour cet instant, j’aurais donné ma vie. 

Car tu n’os pas coupable. Oh ! Dieu t’a préservé. 

Et m'a vers toi guidée. 

GASTON. 

En ma misère, 

Jo A’oulais, affrontant leur colère, 

Parmi mes ennemis aller trouver ton pèro. 

HÉLÈNE. 

A leurs regards crains de t’offrir. 

GASTON. 

Errant, proscrit sur celle lerre 
Jo n’avais plus qu'un seul désir : 

Te Toir encor et puis mourir i 

HÉLÈNE. 

Üh !, garde l'cspcranco ! 


CASTON. 

Hélas ! oile est bannie. 
Ma gloiro flélrio ! 

Famille... patrie... 

J'ai tout perdu ! 

HÉLÈNE. 

Non ! moi ! je to roslo ! 

C’est pour la vie ( 

GASTON. 

I Ange cétaslo! 

HÉLÈNE. 

Ce monde ingrat, je lo déteste! 

CASTON. 

Ah ! rétracte un v*eu funeste. 
L’anatbèmo est sur moi descendu. 

Dans la honte et l’épouvanto 
Partager ma vie errante! 

Ne crois pas que j’y consente. 

Non... plutôt adieu sans retour... 

Dans mon cœur ta dojice imago 
De l’espoir sera lo gage. 

Dieu me rend tout mon courage 
S’il me garde ton amour. 

Fuis! 

nÉLÈNÉ. 

Je reste!... 

GASTON. 

Je l’en snpplio! 
HÉtÈNF. 

Que mon sort au tien se lie. 

GASTON. 

Fuis! 

IIÉLÈNF.. 

Je reste ! h la loi ma vio l 
Que jo meure aux liras d'un époux ! 

GASTON. 

Dieu t’inspire un sacrifice 



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H 


JERUSALEM. 


Dont les anges seraient jaloux. 

HILfeNK. 

Avec toi que je périsse ! 

L© trépas me sera doux ! 

Hélène se jette dont les bras de Gaston; puis, ou milieu de son 
ivresse , elle semble tout à coup frappée d'un souvenir douloureux. 

^ Une pensée amère 

Mo rapppelait mon père ; 

Do son enfant si chèro 
En vain il attend le retour. 

Toi que la fille abandonne; 

Toi qu'elle afflige en oe jour, 

Mon père ! ô mon père ! pardonne! 

Ma vie est dans mon amour. 

CASTOR. 

Toi, qui me fus ravio, 

O douce fleur de ma vie, 

Dans mon Unie assombrie 
Rayonne un céleste jour, 

Quand, pour finir ma peine, 

Dieu m'a donné ton rotour, 

Il veut quo je rompe ta chaîne ; 

Ma vio est dans ton amour t 

CRIS Al' DSnORS. 

Aux armes ! 

nKLtRB. 

Ciol! 

CRIS AU DEHORS. 

Aux armes ! 

HKL.ÀXB, avec effroi. 

Entends ccs cris d'alarmes ! 

S’il faut mourir, que co soit dans tes bras. 

casto.n, regardant par une fendre au fond. 

Vois-tu dans la plaine là-bas 
Flotter la bannière chrétienne ? 

La ville est en tumulte, et l’on court aux rempart*... 

Viens ! peut-être on peut fuir. Oh ! que Dieu nous soutienne! 

GASTON- 

Silence! on vient. 

bélIrb. 

Mon Dieu ! 

Ils écoulent avec angoisse. 

CASTON. 

Non. 

HiLèNB. 

Fuyons sans retards. 
ENSEMBLE. 

Aht viens, viens! je t’aime! 

Suis-moi, viens! je t’aime I 
Le ciol ! le ciel mémo 
Ne peut t’arracher h moi ! 

Vienst vienst je tremble! 

Fuyons ensemble, 

La mort seule pourra me séparer de toi. 

Ils te dirigent vers la fendre, tandis qu’au dehors redoublent Us 
cris d'alarme ; des soldats arabes entrent conduits par f Officier 
de rÉmir. Hélène et Gaston sont arrêtés dans leur fuite. 


ACTE III. 

Lm jardin» do harem. 


SCENE I. 

HÉLÈNE, plongée dans la tristesse. Les femmes du harem, la 
regardant et riant de ton désespoir . Les unes dansent, les outra 
sont couchées sur des coussins. 

CHOEUR. 

O belle captive ( 

Timide et plaintive. 

Tu restes craintive 
Et les youx baissés. 

Pourquoi ces alarmes? 

Pourquoi par tes larmes 
Voiler do tes charme* 

Les feux éclipsés? 

Pourquoi de ton père, 

Qui so désespère, 

O belle étrangère. 

Laissas-tu le seuil? 

Hélène fait un mouvement désespéré. 
Voyez sa colère, 

L’affreux caractère t 
Son front est sévère, 

Son air plein d’orgueil. 

Pourquoi ces alarmes? 

Pourquoi par tes larmes 
Voiler de les charmes 
Les feux éclipsés? 

O belle captive 1 
Timide o» plaintive. 

Tu restes craintive 
Et les yeux baissés. 

DIVERTISSEMENT. 

L’Emir paraît, accompagné de quelques cheiks arabes. A leur ap 
proche les femmes se voilent et se dispersent dans les jardins. 

SCÈNE IX. 

HÉLÈNE, L'ÉMIR, Sun,, UN OFFICIER »« l’Éai» cnlmu 
du côté opposé. 

l'officirr. 

Les chrétiens!... ils sont-lèl... 

Us vont donner l'assaul. 

L'iMM. 

Par lo secours d’Allah, 

Nous les vaincrons ! et si mon bras ne les arrête, 

Si le chef des croisés pénètre dans Ramla. 

Quo de sa fille on lui jette la tète. 

Ils sortent. 

SCÈNE XIX. 

HÉLÈNE, seul*. 

Que m’importe la vie en ma misère extrême, 

Lorsque, hélas! pour jamais je perds celui que j’aime? 
Comblant mon malheur. 

Sur moi va d'un père 
Tomber la colère.... 


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JERUSALEM. 


0 


Seigneur S Seigneur J 
T«ii bras m'accable ! 

Sois secourablo 
A ma douleur. 

AIR. 

Mes plaintes sont vaines ! 

Seigneur, briso mes chaînes. 

Termine mes peines. 

A toi. 

Rappelle-moi ! 

Des jours pleins d'orage, 

Voilà mon partage. 

Leur triste présage 
Me glace d’effroi. 

Termine mes peines 
Mon Dieu, brise mes chaînes. 

A toi, 

Rappelle-nmi ! 

VOIX DE FEMMES AU DEHORS. 

On s'égorge 1 od se tue ! 

Hélène. 

Ah ! quoi tumulte ! 

VOIX DE SOLDATS AU DEHORS. 

Aux armes I 

SCÈNE IV. 

HÉLÈNE, LES FEMMES DIJ HAREM, pis GASTON. 

les femmes du HAREM, Iroreraant le théâtre avec effroi. 

On se tue ! on fuit plein d'alarmes. 

Car les chrétiens sont entrés dans Ramla 1 
Hélène, avec joie. 

Les clirétiens ! mon père t II est là ! 

Elle faü quelque* pas pour rejoindre son pire , puis elle s'arrête 
frappée d'unei lée qui l'épouvante. 

Mais Gaston t sa perle «t certaine, 

S'il tombe entre leurs maint!... je tremble! 

castor, entrant. - 

Chère Hélène! 

HÉLÈNE.' 

Gaston ! je meurs d’effroi. 


A mes gardés troublés opposant mon courage, 
Mon poignard jusqu’à toi 
Sut m’ouvrir un passage. 

Il ÉLÈVE. 

Mais les croisés sont là. 

OASTON. 

Ton père m’entendra. 

H ÉLÈVE. 

Mais ils t'ont condamné ! 

CASTOR. 

Mon sort s'accomplira 1 

HÉLÈNE. 

Ils viennent 1... je frémis ( 


SCÈNE V. 


Les Croisés font irruption dans le harem. LE COMTE DF. TOU- 
LOUSE parait P un des premiers, et aperçoit Hélène auprès de 
Gaston. 

LF. COXTB. 

t 0 ciel ! fille coupable t 

C’est donc pour cct amant?... 

lp. CHogun. 

Gaston le meurtrier t 

Qu 'il périsso I 1 i 


IIKLÈNB. 

O mon Dieu l 

le comte, à Gaston. 

Déloyal chevalier ! 

CASTON. 

D’un forfait exécrable, 

Et vous aussi, vous m'avez cru capable. 

LE CHOEUR. 

A la mort ! à la mort 1 

CASTON. 

Ordonnez de mon sort. 

Préparez le supplice, 

Votre aveugle justice 
De l’innocent 
Va répandre le sang. 

M ÉLÈVE. 

Par pitié ! 


LE CHOCUE. 

Qu'on l’on Irai ne ! 

HÉLÈNE. 

Arrêtez! 

LE CHOEUR. 

Qu’il périsse 1 

Gaston est en /rainé par des soldats. 

Hélène, avec desespoir. 

Et Iule vois! Dieu tout puissant! 

. Aux chevaliers. 

CABALETTE DE L’AIR. 

Non... votre rage, 

Indigne outrage. 

N’est pas l’ouvrage 
D’un Dieu clément. 

L’enfer inspire 
Votre déliro 
F.t le martyre 
De mon amant. 

A vous la honte, à vous lu crime, 

Que de la victime 
Retombe sur vous lo sang! 

LE COMTE. 

O déshonneur ! 

LES CROISÉS. 

Au traître la mort! 

HÉLÈNE. 

Le ciel s’cnir’ouvre. 

Et votre sort 
A mes yeux sc découvre. 

Dieu sur vous étendra 
Barbares! sa main pusssanle. 

Sur vos fronts tonnera • 

Le cri de l'épouvante. 

LE COMTE. 

O sacrilège amour t ' 

Maudite par ton père. 

Va-t'en ! Qu’à la prière 
Le ciel so ferme un jour. 

HÉLÈNE. 

Dans ta colère, 

O mou Dieu tutélaire, 

Ton bras, j'espère. 

Les punira ( 

Et sens clémence 
Dans la sentence. 

Oui, ta vengeance 
1x5 frappera 1 


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10 


JERUSALEM. 


LE COUTE tl TOCS LES CHEVALIERS. 

Courroux impie! 

Le traître expie 
"Sa félonie, , 

Il périra. 

Le Comte saisit le bras de sa fille et r eu traîne, suivi par Us che- 
valiers. 


CHANGEMENT. 

Li plae« publique de Rtmla, Une eatrade tendue de noir, 

. SCÈNE VI. 

Cortège, a minant GASTON, entouré de Soldats et de PRxiicm, 
qui portent son casque, ta large et son épie, LE LEGAT, L’É- 
CUYER DE GASTON, portant sa bannière, les Chevaliers, l 
un Héraut, un Exécuteur, lb Peuple de Ramla. 

CASTON. 

Barons et chevaliers, devant tous jo proteste, 

Et devant Dieu, car je suis innocent! 

Mais vous m'ave 2 rendu mes armes... Il mo resta 
A mourir comme doit un hoinmo do mon sang. 

Écuyer, près de moi, fais flotter ma bannière! 

LE LÉ6AT. 

Arrête !... Condamné, par ce bref du saint-pèro 
Demain tu subiras la mort; 

Mais aujourd'hui c'est l'infamie 1 
Oui, tu seras d’abord 
Dégrade de noblesse et do chevalerie ; 

Déclaré trallro, infâme, et comme tel traité 
Dans ta dernièro postérité. 

GASTOn. 

L’infamie!... O mon Dieu ! prenez, prenez ma vie ! 

Vos bourreaux, je les défie, 

Mais mon honneur! mais mon honneur !... 

LB LÉGAT. 

Tel est l’arrêt. 

CASTON. 

O douleur ! 

O mes amis, mes frères d’armes, 

Mon cœur se fend, voyez mes larmes!... 

I.o déshonneur! c’ost trop affreux ! 

N’accabloz pas un malheureux. 

Mon dernier jour me sera doux, 

Et je l’implore h vos genoux. 

Mais, par le ciel ! moi, trattre !... infâmoî... 

Jo pleure, hélas ! comme une femme. 

C’est la pitié que jo réclame. .. 

Par quels accents vous attendrir? 

O mes amis! sans me flétrir, 

Laisscz-moi, laisscz-moi mourir! 

LR LÉGAT. 

Qu’on exécute la sentence. 

LES CUEVALIBRS. 

Point do pitié 1 point de clémence l 

Un hérautt fait monter Gaston sur l'estrade où se trouve déjà 
l'exécuteur; le héraut y monte également. 
lb iiErait, Montrant le casque de Caston. - 
Ceci 


Est le heaume d’un traître, 

Déloyal chevalier ! 

caston, avec désespoir. 

Tu mens ! tu mens I 

LES CHEVALIERS. 

Au traître 

Point de merci l 

L’exécuteur brise le casque avec une masse d’armes. 

LES PÉNITENTS. 


Psaume : Cwnjudicatur exeat condemnatus et oralio rjus fiat 


in peceatum. 


GASTON. 

O torture! ô douleur! oh ! m’avilir ainsi 1 
LE PROPLR. 

Au fond du cœur sa voix pénèlro. 
le héraut, montrant Vécu de Gaston. 


Ceci 


Est la large d'un traître l 
Déloyal cbovalier. 

GASTON. 

Tu mens t tu mens! 

LES CHEVALIERS. 

Au traître. 


Point do merci 1 
L'exécuteur brise la large. 

LPS PÉNITENTS. 

Fiant dits ejvs pauei et heredilatem ejus accipiat aller. 


CASTON. 

Mon Dicd ! tu vois ce quo jo souffre ici. 

lb PEurLt. 

Quelle pitié scs pleurs font naître !... 
LR iiéraut, élévant l’épée de Gaston. 
Ceci 

Est l’estoc do co traître 
Déloyal chevalier! 

CASTON. 


Tu mens ! tu mcn9 ! 

LES CHEVALIERS. 

Au traître 

Point de merci ! 

L’exécuteur brise T épée. 

. LES PÉNITENTS. 

Et dilexil malediclionem et remet ri. El noluil benediclionem 
et elongabitur ab co. t 

GASTON. 

Calice d’amertume ! Oh I qu'on me tuo aussi.! 

LR PEUPLE. 

Dans ta bonté, Seignour, accorde lui-merci. 

LE LÉGAT. 

Que le bras séculier h lo punir s'apprête. 

Lo soleil do demain verra tomber sa tête. 

Gaston, descendant de l’estrade. 

Tuez-mot, tuoz-moi, frappez I Qui vous arréto? 


Frappez bourreaux ! je reprends ma flcrtc. 
Mon sang versé pour vous fut mon seul crime, 
Et devant Dieu l’innocento victime 
Vous chargora de votre iniquité. 

LE LÉGAT ET LES CHEVALIERS. 

Traître! félon ! ton arrêt est porte I 
Ton sang versé vengera la victime! 

Tu porteras ton opprobre et ton crime 


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JERUSALEM. 


11 


Aux pieds do Dion, qui voit l’iniquité. 

L'ÉCUYER UE CASTOR et Ll PEUPLE. 

O Dieu puissant ! son arrêt est porté ! 
Prends on pitié, Dieu du ciel, la victime, 
Toi, qui connais l'innocence et lo crime, 
Fais luiro un jour la sublime équité. 


ACTE IV. 

Le Üilitr* représente U limite de eanip de* croitdi déni la valide de Jo- 
•apbat. De* «eldaU gardent rentré* d’an* tente principale. 


* SCÈNE I. 

ROGER, seul. 

Voici de Josaphat la lugubre vallée, 

Jérusalem, où vont flotter nos étendards. 

Que je trouve, A mon Dieu, la mort sur ses remparts I 
Et reçois dans ton sein mon âme désolée. 

CHOEUR DANS LA COULISSE. 

- Jérusalem la sainte, 

La divine cité. 

Accueille en ton enceinte 
(Ju Dieu de liberté. 

ROUER. 

Les chrétiens en prière, 

Prêts à combattre, invoquent la faveur 
Du Seigneur. . 

SCÈNE II. 

ROGER, LES CROISÉS en procession, bannières éployées, 
HÉLÈNE parmi les femmes. 

LES FEMMES. 

Ah ! que nos pleurs arrosent la poussière 
Du céleste tombeau ! 

Puisse notre flmoà son heure dernière 
Fêter un jour si beau I 

Hélène, qui s'avance au milieu des femmes, ralentit ses pas devant 
la tente, elle cherche à y faire pénétrer ses regards en disant : 
Pourrai-je le revoir?...- 

LES PÈLERINS. 

C'est là 

Qu'apparut, portant lo calice, 

Un ange au Dis do Dieu, c'est ici qu’il pleura, 

Et son supplice, 

Ces lieux l'ont vu... c'est là I 
TOUS. 

Des Oliviers saluons la raontogno 
El son reflet de sang ! 

Comme un linceul sur l'aride campagne, 

Lo silonce descend. 

O montagne t A valléol A lieux plcinsdc mySlèrc, 

Où Dieu nous jugera! 

Des anges lorsqu'ici l'appel retentira, 

Les morts sortirent de la terre , 

Et le jugo apparaîtra !... 

La procession continuant sa marche, disparaît aux yeux, et ks 
chants meurent au loin dans la vallée. I loger est raté en prières 
pendant tout ce temps. 


s ce vo m 

ROGER, LE LÉGAT, puis HÉLÈNE. 
lb légat, sortant de la tente. 

Saint ermite, c'est vous! , 

ROGER. 

Sans entrer dans Ramla , 

J'ai devancé l'armée 

lb légat, désignant la tente d’oà il sort. , 

Un grand coupable est là. 

Pour meurtre condamné par un décret do Rome; 
Assistez*lc. 

j Hélène a reparu mystérieusement pendant ces derniers mots elle 
reste au fond du théâtre et écoute. 
lb LÉGAT, s’adressant aux soldats gui gardent latente ; ouest 
Gaston. 

Qu'il vienne ! à ce saint homme 
Vous obéirez comme à moi. 

A Roger. 

Absolvez lo coupable 
Moi, je vais des croisés fortifier la foi. 

ll sort. 

ROGER, à hii-méme. 

Meurtrier comme moi I pensée inexorable. 

Après la sortit du Légat, Hélène s'est avancée, attendant arec an* 
goûte que Gaston paraisse ; il sort de la tente amené par Us 
soldats. 

, SCÈJTE XV. 

CASTON, HÉLÈNE, ROGER, Souurs. 

HÉI.feltR. 

C'est lui ! i 

Elle se jette sur son passage. 

CASTON. 

Jo te revoi. 

J'y complais. 

ROGER, à part, tressaillant. 

Celle vcii ! 

Il s’approche el les reconnaît. 

Ah! lerre, nntrouvre-toi! 

GASTON, A Hélène. 

Oh 1 commo il m’ont traité ! mes yeux n'ont plus do larme-s. 

Par lo bourreau j’ai vu briser mes armes. 

rogkr, à part. 

Et je n'étais pas là 1 

GASTON. . 

Co jour est lo dernier. 

Je mourrai sans combattre... 

rogkr, à part. 

Ah ! c'est Dieu qui m'éclairo. 

Aux Soldats. 

Par l'ordre du légat à son heure dernière 
Laisscz-moi seul avec lo prisonnier. 

Les Soldais se retirent. 

. GASTON. 

Enfin s'apprête mou supplice! 

HÉLÈNE, avec désespoir 
Seigneur I voilà donc ta justice ! ‘ 

Dieu qui canscs ma roisèro, 

Qui repousses ma prière, 

Frappe et montre, en ta colore, 

Quo lo ciel s'égare aussi ! 

Dieu cruel... 

ROGER, s’avançant. 


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JERl SAI.EM. 


Sur l'innocence 
Sa clémence 
Veille ici. 

HÉLÈNE. 

Ddux espoir, parolo ineffable !... 

«ASTON. 

Bénissez- moi I 

ROGER. 

Pour l’obcir 
Je suis, hélas! trop coupable, 

Celle main ne peut bénir. 

hélène. 

O saint homme ! 

«ASTON. 

Ma Toix vous prie. 

ROGER. 

Je ne puis. - 

GASTON. 

J» succombe! oh! quo, par vous bénie. 

Finisse ma triste vie, 

Homme «le Dieu, bénissez-moi. 
rogrr, menant dans la main de Gaston son épée, dont la garde 
forme una croix. 

Eh bien ! sur cette croix qu'un pécheur te présente : 
Imposant Us mains à Gaston, qui est à genoux, les yeux fixes sur 
la croix de l’épie. 

• Ame innocente, 

Eu Dieu sois conâanle; 

Oui, sa justice éclatera (tour toi. 

HELENE. 

• O bonheur! ton innocence 

Peut au jour paraîtra encor. 

CASTON. 

En vain tu parles d'espérance, 

Ello est pour moi dans la mort. 


ENSEMBLE. 

IlELÈNB. 

Je quitte avec toi la terre, 

Ce monde ingrat ot cruel. 

Mon âme le suit dans le ciel I 
rogbr, à part. 

Sois apaisée, 

O justice du ciel ! 

OASTON. 

Ma vie est brisée : 

Elle est flétrie, et Dieu m’ouvre lo ciel. 

aooER, à part. 
Reprends ce fer, je tg délivre ! 

caston, ramassant l'épée. 
Qu'entends-ja ? 

HÉLÈNE. 

O bonheur ! 

ROGER. 

Viens, viens ! pour le Seigneur 
Tu peux combattre. 

HÉLÈNE. 

Vivre ! 

caston, ût-fc transport. 
Mourir avec honneur ! 


CHANGEMENT. 

La («aie du comte de Toulouac. 

SCENE V. 

HÉLÈNE, ISAURF.jn*» I.ECOMTE, LE LÉGAT, du Chituii» 
rt GASTON. 

1SAIIRB. 

La baLiillc est gagnée ! En scs murs embrasés, 

Jérusalem a reçu les croisés. 

VOIX AU DEHORS. 


TRIO. 

Dieu nous sépare, Hélène! 
Oui l'espérance est vaine ! 

La mort, hélas ! m'entraîne, 
Je me soutiens b peine... 

I1ÉLÈNB. 

Ah 1 si ton heure est venue, 

Si l'espérance est perdue, 

Je te serai bientôt rendue, 
Bionlét finira inon malhour. 

roger, A part. 

Mon Dieu, sur le vrai coupable 
Descend la main redoutable 
Grâce 1 f> divin Sauveur! 

GASTON. 

La terra sur uous est fermée, 
Hélène, que j'ai tant aimée... 

hé * :r. 

O douleur ! 

Seule dans sa misère, 
laisser tou Hélène si chère ! 

GASTON. 

Tes plainte; déchirent mon cœur. 

RocsR. «I Gaston. 
QuVn Dieu Ion âme espère, 
IvntvtidrU voit du del> 


Victoire ! , 

I3A0RB. 

Entendez-vous? 

Hélène, te jetant dans les bras du Comte, qui entre, suivi du légat. 
Mon père! 

LE COMTE. 

Plus d'alarmes ! 

LE LEGAT. 

Dieu protégea nos armes. 

Des chevaliers portant les étendards conquis sont tenus à la suite 
du comte; Gaston paraît le dernier, son épée de combat à la 
main, la visière de son casque abaissée 

LE COMTE, à Gaston. 

Noble guerrier, 

• Qui plantas le premier, 

L’étendard de la croix sur la cite conquise, 

Quoi est ton nom? 

Gaston, relevant la visière de son casque. 

Me reconnaissez-vous? 

LES CHEVALIERS. 

O surprise ! 

Gaston ! 

GASTON. 

Oui, c'cst moi, ùon i le iuui fut couvert d'infamie» 


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JfcUlhAim 


13 


Ma bannière à vos pieds lut jetée on lambeaux. 

Que par vous celle opée encor soil avilie 

Pour rous j*ai combattu donnoz-moi des bourreaux, 

uélèse, avec anqoitM, au Légat. 

Le ferez-vous mourir T 

CASTON. 

Qu'on me mène au martyre. 

scewe vx 

Lts Mêmes, ROGER, Messe mortellement, «oulenw par quelques 
chevaken. 

ROSIR. 

Arrêtez ! 

LES CHEVALIERS. 

Le saint homme i il est blessât 

ROSIR. 

f expire! 

Ciel, daigne prolonger 

Ma vie un seul moment... Vous allez me maudire... 

Au comte. 

Reconnais- moi... je suis... ton frère. 

TOUS. 

Loi 1 Roger I 

ROCER. 

Un instant me reste encore, 

. Pour Gaston ma voix l’implore. 

Oh ! qu'il soil sauvé par loi ! 

Le remords ici m’amène, 

Seul je dois subir U peino 
D’un forfait commis par moi. 

Mouvement général. Hélène se jette dans les bras de Gaston. 


ENSEMBLE. 

HÉLÈNE. 

Dieu socourable, 

Tu lui rends le bonheur t 
Et la vie et l’honneur. 

CASTON. 

Dieu secourable, 

Tu me rends le bonheur, 

Sou amour et l’honneur. 

LE COMTE ET LE LÉGAT. 

• Quoi! le coupable. 

C'est mon frère. O terreur! 

O mystère d'horreur î 

rocer, «Tune voix suppliante. 

A mon heure dernière, 

Grâee! grâce! 

Lt COMTE. 

Mon frère I 

rocer, après avoir étreint le comte dans ses iras. 

Que je voie en mourant la cité du Seigneur ! 
i Le fond de la tente s'ouvre et montre un panorama de Jérusalem 

HYMNE GÉNÉRAL. 

A toi gloire 
O Dieu do victoire 
En mémoire 
De ton ferme appui ! 

Que des anges 
Los .sainte* phalanges 
En louanges 
Éclatent pour lui I 




d’ lovent; 


fr 


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CIMQf'l nici. 20 C>RTI«BS. 

i.'fl it «r uviuivm. 


THÉÂTRE CONTISIPORAW ILLISTRÉ 


MICHEI. LÉ VT riÊRf.^ I.ÜITIÏIS, 
BOB VIUSSRB, 9 B 1 1. 



LES CHEVEUX DE MA FEMME 

‘ I ' COMÉDIE- VAUDEVILLE EN UN ACTE 

-7 PAB-MM. LA 111 Cil K ET LÉON BATTU 

«mfï'Tïi TOI» U raeuni roi», » r»«is, se* u T»tn«t or» TUUtTtt, « 19 iaktiu I8S6. 

t ' 

DMTIIini TIOT BR LA PI RCF.. 


LARDENOIS MM. Nina. El L4LIE, femme de Lardcnols. . . .^ M 11 ** Ile*»». 

RIFOLET * Lai-but. Ol'DÜLE Raidi». 

GALIPOINTE Hii'Zby. 

La tcénf e*t aux taux de Spa, dans un hôtel. 

Toute* le* indication* «ont prise* de l.i gauche et de l.i droite du spectateur. — Le* personnage* «ont intenta en létc des scène* dan* 
l'ordre qu'il* orrupeut au IhtAtrc. Le* changements de position son indiquas par des renvois au bas des page*. 




Le thi'Ure représente une salle commune- dm» un IsAtel : une porte ( 
au fond, di-ui porte* à droite Vt a gauche, nu douxi^n- plan; dem 


SW ” r— “ » , 

autre* porte* au troisième plan, A droite et à gauche, dans des pan* 
roii|K's. La porte du pan coupé île droite porte le ii* 7; celle du. ] 
deuxième plan, .1 g niche, le n u G; et en lin celle du pan tuupft <tC* 
gaurhe, le n* 8. A gauche, sur le devant, une laide avec une cor- 
beille à ouvrage, une broderie ru mm ni ne, de» ois. aux , de.; A ! 
droite, un guéridon avec journaux, fauteuils, chaises, tableaux. 


SCÈNE PREMIÈRE. 
Gl’DILE, put. HIFOLET. 


Ci nt'LF., «ntr»nl p«r le fond, un panier a tHralnlIv*. 

Je viens «le la source chercher de l'eau polir le déjeuner des 

baigllt-U» .. ffustal ion panier su Coud a droite.) Crisli ! '-'.le ll’oSt pas 

lénrc !’• .in de Sot .. Ajprta on «lit quelle contient du fer... 
C’est pas moi qu'en boirais ! j’aurais peur du me- rouiller!... 


RIFOUfT , entrant myrierirairawal p»r U porte du fued, et ipprlaat à »«ii 

taue b 

Garçon ! (il lient à U nain vue valise.} 

X“ CUliULE t n retouraaul. 

Tiens! un voyageur! 

urotET. 

Chut! Si on l'interroge.... lu ne ine connais pas! tu ne m'as 
jamais vu !... Voilà cent sous. (H le» lui donne.) 

GtlMILK. 

Ceul sous !... Monsieur veut-il boire un verre d'eau? 

m roi. et. 

Non ! jt: me fiche de ton eau... garçon ! Regardant Cwhile.) Tiens! 
lu es une femme? N’importé! Gair-.n, est*il descendu ici un mari 
exaspéré., cherchant un jeune homme bien mis? 

UPtULK. 

Non. Monsieur! 

riPolit. 

Très-bien! alors, ibniiii-tuoi une chambre. 

• Rif. God. 


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LES CHEVEUX DR MA FEMME. 


CLOUE, montrant la port* du pan roupe de druüe- 

Lc n* 7 est libre. 

RI FOUIT, allant rtgardcr dan* la chambre *. 

N* 7. Un mur jmur vis-à-vis... lu vue me convient... Je prends 
ton n*7. 

GUDULE , patuiit » droite , et présent U «alite par un feront. 

Je vais mettre des draps au lit. 

R1FOLKT , I* retenant, en gardant d*n» ta main k'aulre bout de la talite **. 

Attends... sou viens-toi que si Ion me demande, lu ne me con- 
nais pas!... tu ne m’as jamais vu!... Voilà cent sous, iuu« lui 
donna, et UcIm U raliM.) 

GUDULE, ii part. 

Encore! voilà un bon baigneur! (Haut.) Monsieur veut-il me 
dire son nom T 

RI roi. ET, avec locliancc. 

Pourquoi veux-tu savoir mon nom? Tu as une raison pour 
me demander mon nom? 

COPULE. 

Dam ! c’est pour dire que vous n’y êtes pas si on vous de- 
mande. 

RIFOLCT. 

C’est juste! Oscar Rifolct... pour vous seule!... mais pour les 
autres... tu répondras que ton n* 7 est ‘occupé par une famille 
de nègres... follement atteinte de la fièvre jaune! (a pan.] Comme 
ça, ie ne recevrai pas de visites. (Haut, buiiuat à «a poche.) Tiens ! 
voilà cent sous! (s « ramant.’ Ah! mut ! je te les ai déjà donnés. 
ClDl’I.K, A part. 

Cesl égal ! c’est un bon baigneur ! (F.ll« entre au n° 7 avec la valke.) 

SCÈNE II. 

RIFOLET, pau GUDULE. 

RtVOLET, seul. 

Sapristi! ma position est épineuse! Il y a huit jours, j’étais à 
Saint-Sauveur, .dans les blanc 'hes Pyrénées, entre une tante très- 
sourde... et une brune... plus qu'indulgente... dont lu mari 
nous charmait... par son absence... Nous ne parlions jamais de 
cet homme, et nous étions bien heureux ! Hélas! un beau mâtin, 
je reçus ce billet, çtl tîr« d« »> poche os billet qu'a ut) « Mon mari 
« vient d’arriver... il a trouvé votre portrait... il a juré de vous 
« tutr, fût-ce au bout du monde ! Si vous lencs à la vie, fuyeï ! » 
Comme j’y tiens énormément... à la vie... je me jetai dans le 
premier chemin de fer tenu, décidé à ne m’arrêter que lorsqu’il 
s’arrêterait... et me voilà à Spa... dans la blonde Belgique, avec 
un mari sur les talons... car il me suit, j’en suis sur... À Ma- 
lin®*» il y a un Monsieur oui m’a demandé du feu d'un air singu-* 
fier, serait-ce lui? C'est affreux ! Je ne le connais pas cet homme, 
je ne l’ai jamais vu... tandis que lui, il a mou portrait... au da- 
guerréotype... Je n’ai qu’un moyen de le dépister... c’est de 
passer six mois là... dans mon n*7. Je m’y créerai des occupa- 
tions... le papier est vert... j’en collerai du bleu... ça me dis- 
traira! Il parait qu’il est très-violent cet homme,., à ce que m'a 
dit Edgar me. Edgarine! c’est Je nom de ta brune... plus qu’in- 
du lecn te!.. nom charmant! comme clic!... une taille ! des veux ! 
et des cheveux... comme un cheval arabe!... elle en a' tant, 
qu’elle en donne à ses amies... qui en manquent, et il n’v parait 
pas! ça repousse en huit jours .. comme la luzerne !... 

GUDULE, Mrt«ut «lu b° 7 

Monsieur.! 

MTOLET, effrayé. 

Quelqu’un! je n’y suis pas! 

GUDULE. 

Votre chambre est prête. 

airotET. 

Ah! c’est toi!... 

cumius. 

Qu’est-ce qu’il faut vous servir? 

Rlt'OLET, puunl k droite ’*** * ***** . 

Quatre rouleaux de papier bleu... et de la colle* (a part) Je 
vais m’amuser à coller! (il «tre * u n ° 7.) 

SCÈNE III. 

GUDULE, [*,. LARDKNOIS. 

Gt'DULE, Mute, él mutée. 

Est-ce qu’il compte déjeuner avec ça? (Lardet*!» «tira par le ro».i 

*t »a écouler à la porie n* 0, ^au dcuiicme plan à fraurhr. Il ti* U | * | a 
une petite fiole de pharmacie*. — A pari, l'aperce, aut *”*\) Tiens ! VOÎIà 

* Gud. Rif. 

*’ Rlf. Cuti. 

R.f. Gud. 

Uni. Rif. 

***** Lar. Gud. 


le n 0 6 qui revient de faire sa promenade... il Mit tou jours triste, 
il a un drôle de tic aussi... sa femme se porte comme M. le 
bourgmestre.... il veut absolument qu’elle soit malade ! 

LAHDKiSOIS, t* relournanl. voyant Ondule rt allant à elle. tria terne»!.) 

Ah!... Eh bien! Ondule !... comment va-t-elle, ce matin ? (u 

n»*1 U fiole dan* ta poche.) 

GUDULE. 

Qui ça? 

LAROEMOIS. 

Eulalic! ma pauvre Eulalie! 

GL’DULE. 

Très-bien ! Madame vient de déjeuner. 

LARDEISOIS. 

Tu me caches quelque chose... Qu’est-ce qu’elle a mangé? 

GUDULE. 

Un gros beefsteack. 

UtRDCÜOIS. 

Ah! elle a consenti à sucer un beefsteack... pauvre femme!.. 

GUDULE. 

Elle a encore sucé une omelette... du thé... et deux tranches 
de jambon!... 

LARDER OIS. 

t’est désolant ! J’incline pour une matadie de langueur. Le 
médecin est-il venu? 

GUDULE. 

Non, Monsieur! il a dit hier que c’était inutile... 

• LARÜI.MHS. 

Encore un qui l’abandonne ! 

GUDULE. 

Mais, Monsieur, puisque Madame u’a rien .. elle dit qu’elle 
ne souffre nulle part. 

LAMDE.VOIS. . 

Elle est si courageuse ! 

Gt'DUI.E. 

Elle mange bien, elle dort bien. 

LARDEMNS. 

Oui, mais quand elle court... o*u quand elle valso, son coeur 
bat... 

GUDULE. 

Parbleu! 

labdfnois. 

Et elle entend des cloches... scs oreilles lui tintent!... (Par rf- 
flcxkm.j Est-ce que cela viendrait de feston Ute? 

GUDULE. 

Allons donc ! (CfSe »a reprendre au tond »oa panier de bouteille*.) 

LARDEMMS, à iuMRtUM, tirant um carte de aa poche. 

On m'a remis celte carie dans ma promenade. (li*»iu.) « Madc- 
« moiselle Prudence, maltresse somnambule de Paris, vient 
« d’arriver à Spa, où elle se dispose à donner des séances et des 
* consultations.— Mystère et guérison ! » {rarw.) Si je la consul- 
tais... je n’y crois pas !... je ne suis pus assez bêle... mais puisque 
les médecins nous abandonnent... (AGoduk.) Sais-tu où demeure 
mademoiselle Prudence ? 

GUDULE. 

Oh! pour ça oui, Monsieur ! Elle reste dans i’hùUl... il n’v a* 
qu’un étage à monter... c’est au n* 13. N 

LARDER 01 s. 

Merci. yGudule »ort par le fo*il, e* raiporUnt mb panier. Eulalic aort 

du ■* 6.) 

SCÈNE IV. 

t EULALIE, LARÜENOIS. 

EULALIC, enlraal. figure touriaulfe ei pleine de tank. 

Bonjour, mon ami! 

I ARDBROIS, à pari. 

Comme elle a maigri!... c’est un spectre! (Haut.) Tu*le lèves 
trop matin... lu vas te fatiguer, (lui m«uruu un fauteuil.) Tu ns! 
repose-toi. 

EULALIE. 

Nais je ne lu» pas lasso.. , je me porte à merveille,' j'ai dé- 
jeune comme un ogre! 

LARDENOIS. 

Voyons tv langue ? 

EUULIE. 

Ah! tu m’ennuies! en vérité, tu finirais par me persuader 
que je suis maLidc. 

LAiDEXOtS. 

Malade! par exemple ! (a part.) Sa voix rst fiévreux et mc- 
cadee. 

EULALIE. 

Et tout cela, parce qu’il y a huit jours, j’ai eu l’imprudence 


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LES CHEVEUX DE MA FEMME. 


de valser un peu trop longtemps... ju me suis sentie mal à 1 aise. J 

LARDENOIS. 

Ou». . les doclus... ding ! ding !... c’est horrible! 

KVLALIE. n . 

L'n étourdissement qui a dure cinq miaules... mais c est uni, 
je me porte mieux que toi, maintenant... Veux-tu faire une 
promenade? 

LARDENOIS, à pari. 

Quel courage! c’est un loua vu! (Haut, lui prenant Un»»»*.) 
Pauvre amie! (a part, tuasuU&at »a n«ouu«.)Le pouls est nonchalant. 

( Haut.) Voyons U langue? 

teuuE. 

Al»! cneore ! ( me pr*»d une broderie ilan» U corbeille à ouvrage.) 
LARDENOIS. 

Non, non! (a part.) Il n'y a pas à hésiter, je vais consulte! 
mademoiselle Prudence. (iirmuM*.) 

EL'LAt IL, paitanl à droit*. 

OÙ VaS-tU T (Elle travaille en marrhant.) 

LARDE'» UH, ri'drwrndanl *. 

Nulle p.*rt... je me promène, (a part.) Il me faudrait quelque 
chose... une collerette... ou une mèche de cheveux !... c est 
encore meilleur! (S'approchant d'FuUhc avec anc p*ire de cl Au» qu'il 
Aient de prend.* i«r l» t*l.le de gaoehe.j Si je pouvais SUIS qu’elle s'est 
aperçût.. 

EL'LALIE, te rMotarutnl. 

Que n'gardes-lu donc? 

LARDENOIS. 

Rien... rien... c’est-à-dire si... je regarde tes cheveux. 

EULALIE. 

Oh! voila une idée!... (Elle remonte et patte à ptuche. ) 

MRDLVMR, la auivaal. 

Tes heaux cheveux qui retombent en cascades*.. ( t ibcrcUnt à 
«wper.) en cascades... 

ECU LIE **. 

Eh bien! qu'est-ce que tu fais là avec tes ciseaux?... 
uaftEftoit. 

Moi?... rien... c'est pour causer... (a**c H®iiio«*t.) Eulalie... 
accorde-moi une mèche ! 

EULALIE, M rtculiiit. 

Ah! non, par exemple! 

uaociiois. 

Par derrière... ça ne se verra pas... c’est pour mettre dans un 

médaillon. 

EL'LALIE. 

Ah çà! qu’est-cu qui te prend? (ill* »» i'awmO prêt de u ubi» d« 

panebr et continu* i broder.) 

LARDENOIS. 

C’est la mode... tous les lions se promènent avec des che- 
veux... dans des médaillons... 

Air: 

Vois ce hardi cha&teur du Nouveau Monde, 

Montrant partout un glorieux tribut : 

Il a ravi vingt toupets à la ronde; 
l'n bouquet seul orne son occiput. 

Ainsi, cliei nous, bien souvent on procède ; 

Fier des triHors par son amour arquii. 

Notre lion quelquefois ne possède 
D’autres cheveux que ceux qu'il a conquis. 

(il lui rnup* «itetzirut au mbcht.) Voilà!... c’est fait!... (il retnst Ici 
ciseau» sur U table.) 

EULALIE, M levant (t postât u broderie. 

Ah'... 

LARDENOIS , viaement. 

Au revoir, ma femme ! ça repoussera , va , ça repous- 

sera!... _ 

SCÈNE V. 

EULALIE, p«b GALIPOINTE. 

EULALIE, seule. 

Ça re|K<U5S» ra ! (portimi ta mate derrière ta Use.) Alt! bien! il a 
juste t<«ti|»c au milieu de ma fausse natte! cl il ta mcltre les 
clictnix de utou amie Edg.irine dans un nmhdl.ui! Pauvre 
humilie! j’ai eu tort de ne J»;»» lui atutu-r... Mon nulli-iir a prc- 
tendu que mes cheveux tombaient... alors, il m'a conseille de 
les cuiiper... mais dans un mois il n’y paraîtra plus. 

• Lar. Eul. 

" Eul. lar. 


I, ’d 

<â 


GALIKH.MKj tm dehors. 

Monsieur Lardcnois?... c’est ici? bien... merci 1 (il t 

le fond.} 

EULALIE \ 

Monsieur Galipointe!... 

GALIPOINTE, à part. 

C’est elle! (Haut (Atrvs.reii^ciueusement.) Madame, permeltei-moi 
de vuus présenter mes très-humbles respects. (a part.) Que ceUt 
femme eût belle ! 

EULALIE. '•* 

Quelle surprise de vous voir à Spa! Vous nous amenez Edgt- 
riue, sans doute? 

GALIPOINTE. -t* 

Non. . ma femme est d'un autre côté... elle a ses eaux et j*ai 
les miensf... (sc r*preia*t.) les miennes! 

EILALIE. , .f*.' •- 

Comment! vous l'abandonnez? 

GALIPOINTE. 

Que voulez-vous? nous n'avons pas le même leoqiéraroent»». * 
on lui recommamle les sulfureux... et à moi les ferrugineux... , 
alors, j’ai expédié madame Galipointe ayee sa tante, qui- est 
sourde, sur Saint-Sauveur, et moi, je suis venu à Spa... Quand 
j’ai su que vous y étiez, vous si lionne, si belle, si... 

EULALIE, l'arrctaut. 

Monsieur Galipointe... jcti’aime les compliments que < 
mon mari. 

GALIPOINTE. 

Oh! pardon! pardon t 

ElILAUE. 

Il ne peut tarder à rentrer... et il sera heureux, j’en suise 
laine, de ponvoir serrer la main d’un ami... (Appuraai.) & 
véritable ami. * * 

GALIPOINTE, emburrwtd. 

Certainement, Madame... 

EULALIE, ralliant. 

Monsieur ! (su* ntr* «u u* 6 ) 

SCÈNE VI. 

GALIPOINTE, pub LARDENOIS. 

GALIPOINTE, («ut. 

J’ai encore raté ma déclaration. . c’est toujours la 
chose... je suis pourlanl parti de Paris tout exprès... avec quatiu 
petites phrases... bien tapées’ je les ai fait rédiger par mou 
premier commis, un jeune homme qui fait des vers ... très* 
longs!... Mais nu moment de parler... c’cst plus fort anc mot... ^ 
tua langue sc fige... Elle est si imposante, cette femme! on dirait, 

U statue de la pudeur 'culplée par la main de la décence! (il « 

à I* port* du *• 0 rt enruie de* balwr*.) 

LARDENOIS, entrant par le fond , et à part**. 

J’en viens!.,, dormait-elle? ne dormait-elle pas? voilà le hicl 

GALIPOINTE, K retournant. 

Tiens! c'est Lardcmois ! (u va à M.) ^ V* 

LARDENOIS, lui terrant ta nain. 

Toi id, mon vieux ! par quel hasard ? 

GALIPOINTE. " 

J’ai mal à l’estomac... je viens boire du fer. 

LARDENOIS. 

As-tu vu ma femme? 

GALIPOINTE. *■ , ' 

Elle me quitte à l’instant. . 

LARDENOIS, d'un air dotent. 

Eh bien? mon pauvre ami! . • * 

GALIPOINTE. % •> 

Quoi? 

LARDENOIS. 

Elle est bien changée, n’est-ce pas? 

GALIPOINTE. 

l’as trop!... un peu engraissée. 

« LARDENOIS. 

Engraissée!... ma femme! 

GALIPOINTE. 

Mais oui! elle est fraîche! elle est rayonnante... 

. LARDENOIS, a»M un* poignée d* nuis bien «««tic. 

Merci, mon ami!.... merci! mais, c'est inutile.... j’ai du 
rage!.. 

GALIPOINTE , à part. 

Qu’est-cc qu’il a? , 

LARDEXUlS. . 

Je viens de consulter une somnambule. 

GALIPOINTE. 

Pour ta femme? 

' Eut. GaII. 

•• Gati. Lar. 


* 


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LES CHEVEUX DE MA FEMME. 


LARDE NOI*. 

Je lui ai mis entre les mains pnc mèche de scs cheveux... 

GAI.IPOINTE. 


Eh bien? 


I.AKDFNOIS. 

Elle n «l'aliord dit... Ohî oh!... tu comprends ma position... 
un mari auquel ou dit : Oh! *»h î 

GALtPOINTE. 


Après? 

LARDENOIS. 

Après... elle a dit : Ah! ah! je te l'avoue cela m'a rendu In 
vie! tu comprends... Ali! ah!... çaà l'air de dire... Ah! ah!... 
CAtlFOUVTB. 

Enfin, qu’a-t-dle ordonné? 

LARDENOIS. 

Rien... elle, m’a conseillé de traiter EulaUe par le magné- 
tisme... en m'assurant que sa maladie ne résisterait pas à des 
effluves savamment dirigées. 

GALIPOINTC. 

Et tu vas la faire magnétiser? 

LANDES OIS. 

Mieux que cela!... je vais la magnétiser moi-même. 

GALIPOINTC. 

Tu sais donc? 


LARDENOIS. 

Dans le temps, j'ai suivi des cours... et je viens de m’y re- 
mettre... Pour 20 francs, mademoiselle Prudence m’a donné 
une leçon... Je lui ai pris les deux pouces... je l’ai regardée 
dans le blanc des yeux. .. C'est une chai mante femme ! 

GALIKMKTB. 

Ah! mon gaillard !... 

LARDENOIS. 

Oh! non! je pense bien à cela!... quand on a une femme qui 
entend les cloches... 

GAUPOurrc* 

Quel les cloches? 

LARDENOIS, p*»Mnt àpluthe*. 

Plus tant... tu sauras... mais j’ai hâte d'essayer ma puis 
sauce magnétique... Tu permets? (a part.) Voudra- t-el le me 
confier ses pouces? (il en tre u numer» fl.) 


SCÈNE VII. 


GAL1POINTE, fmi* RIFOLET. 

CAUPOIYIE, irai. 

Elle entend les cloches... quelles cloches? ah çà t est-ce que 
la tête de Lardcnois?... (il remonte. ) 

RI KO l CT, tort mt il» numéro ? en bmtiaal un li-ibil**. 

Décidément je m’ennuie dans mon numéro 7. . je vais m'a- 
muser à h rosser mes habits. ( u r»boc u g»m h<-.) 

CALIINUNTK , l'apercevant *‘\ 

Un baigneur! (n rede**nd.) 

RIFOLET, à part. 

Fichtre! du monde!... 

GALtPOINTE, uluaat Hifnlrt. 

Monsieur... 

RIPOIÆT. 

Monsieur... (a pan.) c'est l'homme qui m’a demandé du feu à 
Matines... d’un air singulier... Je file, (il m dirige m » chambre.} 

CALIPOIN1E , » Rilulet, en lui barrint le pauxÿ*. 

Monsieur est depuis longtemps à Spa? 

RIFOLET. 

Non, Monsieur, non .. c’est-à-dire depuis neuf ans... (a part.) 
Serait-ce le mari? 

GAuroitrrs. 

Depuis neuf ans? alors, vous devez connaître le pays... Ose- 
rais-je vous prier de me donner quelque renseignement?... 

RIFOLET. 

Je ne sais rien. .. je ne connais rien.. . nous sommes-là une 
famille de nègres atteints de la fièvre... 

GAl.lPOIME, riant. 

Vous êtes nègre? vous? 

RIFOLET , vivement. 

Oui, Monsieur, oui... c’est-à-dire .. non... pas moi... mon 
père et ma mère sont nègres ! 

G ALI POINTE, riant. 

Ah! alors je vous dcmamlcrai l'adresse de votre blanchis- 
seur. 

RIFuLET , k part. 

Comme il me regarde! 


GAU POINTS. 

| Vous m’avez l'air gai, vous! S’umtiMM-on ici? 

RltOl.KT, gaftnaut la porte ilu n* 7. 

Beaucoup... Serviteur, Monsieur, serviteur! (n ditparak.) 

GALIPOIMF, seul. 

Voilà un homme qui n’est pas liant! 

SCÈNE VIII. 


LARDENOIS, (»ALI POINTE, |»i» EULAUE. 


Galipointc! 
Hein? 


LARDENOIS, tort fl ut du a* fl ut i t«ii bats*. 
GALtPOINTE. 


Ça y est!.., elle dort! 
Comment? 


LARDENOIS. 

GAI.IPOINTE. 


LARDENOIS. 

Vrai! je n’v croyais pas... je lui tenais les pouces en me di- 
sant: Faut-il qu’un homme soit bête!-., quand tout à coup scs 
yeux... Il parait que j’ai du fluide magnétique. 

GALtPOINTE. 

Pas possible! 

LARDENOIS. 

Tiens!... veux-tu la voir?... 

GAuronrre. 

Oui... 


LARDENOIS, 

Oh! il n’y a pas besoin de nous déranger... je vais In faire 

venir... l a ctciul k lira». F-ulatie wrl du n* 6 en état de tomtunil»ili>i»r rt 
viral au milira du Ihéttr**.) La voici .. UI1C CtlUÎSC... ( Gnlipcinle avance 
iiuccbaiao derrière Eulalie. — Lsntaioi* lart un B «le de eMuumlemcat. F.«. 
tatie i’axaied.) Ilclll ! ... tU Vois... (U pau« a la droite de ta femme**.) 

c qu’il y a de plus curieux... c’est quelle ne sent rien... 

GAtirOINTR. 

En vérité? 

LARDENOIS. 

Je l'ai pincée , elle n'a pas crié... Je l’ai chatouillée , elle n a pas 
ri... Tiens! je l'embrasse! .. et je n’ai pas fait ma barbe, (u 

bm»e Eulalie.) 

GALIPOINTC , de l’autre eùte de la chatte. 

C’est extrêmement curieux... Voyous donc? voyons donc? (u 

l’emlXMac de iuo oAM. 1 

LARDENOIS, enibratvinr de nouveau et tnebauté. 

Elle un «.Mit rien! 

GALIPOINTC, IViubvamnt une Mnxnde fota. 

Elle ne sent rien! {il va pour recommencer.] 

LARDENOIS, allant A lui, et l'arrêtant***. 

Assez! assez!... Il ne faut pas fatiguer le sujet! 

GALIPOINTC. 

Oui .. nous recommencerons tout à l’heure ! 

LARDENOIS. 

Dis donc... je pense à une chose... St je l'interrogeais sur sa 
maladie?... 

GALIPOINTE. , 

Quelle maladie? 

LARDENOIS. 

Justement... j*ai une mèeln: de ses cheveux... Voila! (il lire de 

m poche la raécbc de cbeieut.) 

c. au pointe. , la ragafdaat. 

Ah! c'est curieux!... la même nuance que ceux de ma femme! 
(a pan.) Mais quelle différence! ceux-ci sont bien plus soyeux. 

LARDENOIS. 

Ça serait drôle, si elle allait être lucide!... Attention ! (u 

In main mit la tète de aa femme. rt d’un ton fcotcuacl.) Eulalie. ... lu'cil- 

teudez-vous ? 

EULALIE. 

Oui , mon ami. 

LARDENOIS. 

Elle m'entend ! 

GALtPOINTE. 

Je crois bien... tu lui cries dans les oreilles... 

LARDENOIS , à Eulalie. 

Vous sentez-vous disposée à répondre à mes questions? 

EULALIE. 

Ouil 

LARDENOIS. 

Nous allons voir. (Lui mettant entre Ici main» la mèche de cheveux.) 


* Lu. Gui. 

** G»ll. Iti . 
•** Kir. G4i. 


* Eut. Lxr. GaU. 
** Lir. Eut. fini. 
*** Eut. Lar. Galt. 


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LES CHEVEUX DE MA FEMME. 


QnVst-co que c’est que ça? (faisant <fe*»gne4 * c’.iiipuiuie.J Chut! ne 
dis rien! 

BDUMLM. 

C’eut... (* pré* une lo«>K-ue bétilMion.) CC »»Htt de? C-hcvCUX! 

LARDli vts , iMniyori*. 

Elle est lucide. GalipoiAfc, nn femme est lucide! 

CAIIKUNT».. » part. 

C’est bien malin! je parie qu elle ne dort pas! 

Uftnrsois. 

Voyez-vous la personne à qui appartiennent ces cheveux? 

M'LAI.IE , riant. 

Ah! oui! 

LARDENOIS. 

Elle a ri... elle reconnaît ses cheveux. Mun Dieu! qti'eflc est 
fine! 

CALIPOINTE, à part. 

Pose , mon bonhomme ! pose ! 

LA R DEMIS. 

Parlez-nous de cette personne. 

ECUME. 

Oh! je la vois bien... très-bien! (Tant i mp.) Ah! la tualhcu- 
reusc ! 

LARDENOIS, affrayé. 

Quoi donc? Est-ce qu'elle est en danger? 

ElTLALtE. 

Ah! oui!... en grand danger! 

GAUMISTE. 

Que dit-elle? 

I.ARDFSOIS , dêtespér*. 

Cest la poitrine! c’est la poitrine! 

RVULIB. 

C'est la faute de S«>n mari... 

LARDENOIS. 

Ma faute! Est-ce que je lui aurais Tait prendre quelque chose 
de conlr.iiiv ? 

EL'LAUE. 

C’est bien aussi un peu la sienne... car c'est une coquette. 
CALIPOINTE. 

Ah I Uah ! 

uumon. 

Qu’esl-ee qu’elle dit donc! une coquette ! (a inUtia.) Elle a 
donc... un amoureux? 

KUUUE. 

Elle en a trois ! 

LARDENOIS, stupéfait. 

Trois! 

CALIPOINTE, à part. 

Sapristi! et elle l’avoue !... Pour le coup, elle dort! 

LARDENOIS. 

Trois amoufeüi! ça me fait un droit? rt’efTel... brrr!. . Gali- 
pointc... csl-ce que tu crois au magnétisme, toi? 

C AU MIXTE. 

Non! 

LARDENOIS. 

Moi non plus! 

CALIPOINTE. 

Des bêtises!... révcille-la, va! 

LARDER 01$. 

Olli... (n fait mine Se la ré*e»ller et ae raiiie.) NOUS disons qu’elle 

a trois amoureux ? 

F.l'LALIE. 

Un surtout... l'aime en secret... 

CAI.IPOIXTK, A part. 

Corbleu! elle va me dénoncer! (liant.} ftévcille-la! 

ELLA I.IE. 

P est venu la rejoindre pour kc déclarer... 

CAI.IPOINTi:, I pari. 

Allons, la voilà lancée ! 

LARDENOIS. 

Comment s’appdic-t-il? 

CALII-Ol.Vrt. 

Non! rcTeille-la! révciUo-là! 

LARDESOIs, impatienté. 

Mais tu m'ennuie», toi! {a ehMm, ia>i<«ri«iiwment.) Comment 
a’appcilc-t-il? 

ELI-ALIK, apte» une langue bêailaltou. 

Je ne puis le nommer!... 

GAMP01STE, à part. 

Je respire ! 

Fl'LAl.lK , te tétant. 

Mais je le vois... il est dangereux, il est séduisant , il est 

beau !... (Lardaim !•*(.>€ A gaui.br.; ' 



G ALI POINTE, i part *. 

Lardt'iiois va me rcoonnallro. (iiiut.) Assez! en voilà assez! 
laudtnois. * 

Mais laisse-moi donc tranquille! (il prr-od maini de »a ferne.) 

, EU LA UE. 

Il va lui proposer une partie d'énes... à Gavarnic! 

LARDENOIS. 

Gavarnie! 

CALIPOINTE, a part. 

Ça doit être dan» les environ». 

KUtéALOU 

Elle vondra résister... 

LARDENOIS. 

Ifest beiireux! 

UUIU. 

Mais son Réducteur menacera de so tuer. 

tARDKSOlS. 

Le làclic ! 

CALIPOIXTE, A part. 

Elle me dicte ma conduite! 

ElILALIÈ. 

Ah ! mou Dieu?... Si elle accepte, elle est perdue ! 

LARDENOIS, furwai. 

Mais elle n’acceptcra pas! je fempècherai bien d’accepter ! 

( En presti filial, U a HK*mé le bra* 4e u femme. La iwsu.eme m la reteille. 
Calipolnie remet la tbaiAA près do gnaridon de droite, cm il l*a pri*. Lardenoia 
a reprit la méeSe de cbetem.] 

El'LALIE, a’ éveillant. 

Ah! c'est singulier... je ne sais ce que j’éprouve... mon Mni.~ 
monsieur Gai i pointe... vous étiez la... que «est-il donc passé? 

CALIPOINTE. 

Rien, belle dame... (a Larde»»».) N'est-ce pas? 

LARDENOIS, terrant Ira dent» a ▼« raga. 

Rien du tout! rien du tout! 

EULAUF.. 

C’est étrange... i! me semble que je viens de dormir... et 
pourtant je tombe de aomneil. 

LARDENOIS, a*ee dignité. 

Rentrez, Madame, rentrez dans votre chambre... dont vous 
n'auriez jamais dû sortir. 

EL'LAUE. 

Qu'as-tu donc, mon ami?... 

LARDENOIS. 

Votre ami! (La prenant à p»n.) Je n’ai qu’un mot a vous dire! 
’ai l’ieil sur les ânes! (n rrmunic a drotie.) 

EtJIAUE, «année**. 

Les ânes !.. 

G Ail POINTE, A filial ic. 

l’crrneltcz-moi de vous olfnr mon bras, (if toi donne fe — 
b» et memeui.) Vous êtes un ange!... je vais inc procurer des 
àucs! 

FIXA LIE. 

Mais quels Anes? 

CALIPOINTE , bu. 

Chut! taisez-vous donc! (a part.) Est-elle maladroite? 

ENSEMBLE. 

Air : 

■ LT.ALIK. 

Je ne me sens pas bien, 

Et j’ai très-mal a la lêle; 

Cet èlat m'inquiète; 

Je n'y comprends rien. 

GAUPOIHTE. 

Quel es|M)}r est léf rttîen? 

Br femme est une coquette. 

Elle m'artnc en ffUflntta/ 

Et tout ira bien. 

LARDIMHS. 

Quel tourment est le mieo! 

Ma femme est une roquette } 

Je surveille et je guette. 

Et tout ira bien. 

(EhUIîb entre an n # 6.) 

SCÈNE IX. 

G ALI POINTE, LARDENOIS. 

LARIHNOIS, crxéunt bru. 

Eh bien ! qu’esl-cc que tu dis de ça? 

* loir. Fui. 

** Eut. GaU. Lar. 


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6 


GAI.IPOIME. 

Oui! mon ami... certainement... c’a! désagréable. 

LARDENOIS , iim éclil. 

Tu y crois donc? 

calipointe. 

A quoi ? 

LARDENOIS. 

Au magnétisme! 

CAuroivre. 

Non! jamais! 

LARDENOIS. 

Moi non plus!... trois amoureux! et moi qui cherchais sa 
maladie!... CW une maladie de cœur! 

CALIPOINTE. 

Trois amoureux! d’abord tu exagères... il n’y eu a qu’un. 

I.ARDKNntfl. 

Ce n’est peut-être pas assez! un homme dangereux, lieau, 
séduisant.... Qui?... mais qui?... car elle n'a pas voulu le 
nommer! 

CALIPOINTE. 

Toutes les somnambules sont comme ça, quand elles ont une ; 
idée en tête... lis tous les ouvrages sur le magnétisme... 

LARDENOIS , a»re éclat. 

Tu y crois donc ? 

r. a lî roture, vfroMMt. 

Non ! jamais! 

LARDENMS. 

M”i non plus!... Mais comment le connaître ce polisson... qui 
offre des ânes 9 (Tout * w«p.) Oh! quelle idée ! 

ci u poutre. 

Quoi? 

LAKOtbOlt. 

Rien! (a part.) Je vais la rendormir!.... Je l'écraserai de 
fluide!.... et il faudra bien qu'elle me le désigne! (n j ««e* 

gs«rl»e.) 

GALIPOINTF.*. 

Où vas-tu? 

LARDRNOIS. 

Lire mon journal... Mais dis-moi donc si tu crois au magné- 
tisme?... 

calipointe. 

Non ! ... 

LARDKNOtS. 

Moi non plus!... (a pan.) Je vais l’écraser de fluide! (ti cativ 

>11 b* 6. ) 

SCÈNE X. 

GAUPOINTE, P uh CUPULE. 

CAI.I POINTS, Mut btcc joi*. 

Eh bien! et moi qui me gêna»!... Il parait que c’est une gail- 
larde!.... Trois amoureux! Allons! allons! ça va marcher! 
pourvu qu’il y ait des ânes il Spa!... Oh! oui! mon m ur me 
dît qu’il yen à! ( AppeUm.j Garçon!... la fille!.,, quelqu’un !... 

GtULT-E, ciitr»nt p»r le fond**. 

Votre chambra, Monsieur, c’est au n* 5... (nu lui munira u porte 

du deniienw! plan à droite.) 

GAI.IpniN 

Au n" 8... bien!... Avance ici 'UvicriaiMaMt.) Trouve-t-on 
des ânes dans ce jtays? 

GCOtlLK. 

Oui, Monsieur, il y en a d’excellents! 

* CALIPOINTE - 

Très-bien!... j'en veux deux... très-vicieux. 

OUDCLE. 

Tiens!... cette idée... 

GAUPOINTE. 

Elle est profonde! ne la creuse pas... tu n’en trouverais pas 
le fond! Dépêche-toi. 

CCDl’LE. 

Tout do suite, Monsieur! (r.n« k*i P »r i« rond.) 

GAUPOINTE, ml. 

Il ne me reste plus qu’à prendre flics pistolets... non chargés... 
et je menacerai de me tuer... C'est très- commode d’avoir son 
programme tout tracé!... Ah! rà, je ne connais pas le pays... 
OÙ diable est Situe Gavarnic? (Prment un livra *trr U t.blr degaôrtie.) 
Tiens! le guide du voyageflr... (n k parcourt.) 

SCÈNE XI. 

GAUPOINTE, RIFOLET. 

■IVOt ET, a part, «ortant rUi «on n" 7 «i taJilltosit . un» voir Calipoiat*. 

Mon mur m'ennuie! je ne savais que faire... ma foi! j’ai mis 
un l'auinlon de nankin!... 

* ÎAr. Oali. 

*• Gali. Gud. 


GAUPOINTE , à part. 

Ah! le monsieur qui n'est pas causeur!... (luemet u n.mur u 

tabla.) 

RIFOLET. A part. 

Encore ce voyageur’... Ab çà! il fait sentinelle à ma porte!... 
c’est louche ! {n r.;« mfae de rentrer.) 

GAUPOINTE, l'arrêtant par le berna. 

Pardon, Monsieur!... 

RI POI.E T. cherchant à te dV-ctçer. 

Excusez-moi... je vais mettre un pantalon de conlil... 
GAUPOINTE, le rainent. 

Un moment!... Pourriez-vous me dire où est Gavarnic? (n te 

ttebe.) 

R1FOI.IT, à part, terrifié. 

Gavamie!.., c'est là que j'ai rencontré Kdgnrine!... Du saflg- 
froid! (Haut.) Gavurnü... Mais je pense qu’il est toujours au 
Charivari, Gatarni!-.. (n rit) 

GAI.IPOINTE , riant. 

Au Charivari!... Ah! très-joli! Monsieur est un farceur? 

RJ FOUT. 

l’n peu... un peu!... f.A pan.) Il rit! ce n’est pas lui!... (il *> 

a'aaieotr pria du guéridon d« droite, tur lequel il prend un journal. — G ali- 
pniat* U luit et lui parta hua.) 

SCÈNE XII. 

LARDENOIS, GAUPOINTE, RIFOLET. 

LARDENOIS. à part, tortnnt du n° fl , un* voir le* autre» perinnnage*. 

Elle me l'a désigné!... Il porte un gilet blanc et un pantalon 
de nankin!... les nankins n’ont qu’à bien se tenir!... (Apercevant 

le patilalnn de Galipuinte par derrière.) Tiens-!... Cil Voici un!... (Allant 
frapper tur l’épaule de GaUpointe. — - Haut.) Monsieur!,. . 

GA 1.1 PO INT F. , te retournant. 

Quoi?... 

LARDENOIS. 

Ali! bah!... toi?... un ami?... bonjour!.., (ti «eut lui donner ta 

main ri « ravlae. ) Non!... 

GAUPOINTE. 

Je causais avec Monsieur... (n découvre Rifakt, el pauc à gauche*. 

— nifolrt *e 1ère.) 

LARDENOIS, k part. 

Encore un!... deux nankins!... Lequel?,.. 

G ALIPOINTE, à part. 

Qu’esl-ce qui lui prend ! 

LARDENOIS, A part. 

Les gilels vont m’éclairer... (voyant leur* habit* bout.w,_) Bou- 
tonnés tous les deux!... il faut que je trouve un moyen... 
RirOLEr, à part. 

Comme il me regarde !... je rentre!... 

LARDENOIS, ramenant par la main Calipointe et Rlfulet qui »'e*|uitairat. 
Pardon... pardon... (Arte une fureur concentrée.) Qui CSl-fC qtli lUC 
prèle un crayon? 

MUfOMR. 

Moi! 

RIFOLET. 

Moi ! (Tout deux déboutonnent leur* habit»; lia vint en gilet blanc.) 
LARDENOIS, à part. 

Deux gilets blancs!... Ah ! c’est trop fort ! 

HIFOI.IT, lui offrant un rratoa. 

Monsieur, voici un crayon... 

LARDENOIS. 

Pourquoi faire? Ah! oui !... (Avec tape.) Je nVn ai plus besoin... 
entendez-vous, l’homme au gilut blanc? 

RIFOLET, k pari. 

Qu’est-cc qu’il a ? 

SCÈNE XIII. 

I.ES MÊMES, IjlDlLE, Mirant par le fond. 

CUDliLF., accourant et tr**-ba«f ". 

Les ânes sont prêts !... 

GALIPOIKTft, i part, trèi-elfrayé. 

Ah! sapristi! 

LARDENOIS. _ 

Les Anes !... Ah ! on a demandé des Anes 9 
GAUPOINTE, i part. 

Je suis perdu! 

I.ARDENOps, i RifoM. 

Ne serait-ce pas vous par hasard... l'homme au gild blanc? 

9 Gali. Lar. Hlf. 

** Gali. Gud. Lar. Rif. 


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1 


MF01T.T. 

Non... (» part.) Qu 'est-ci: a ilonc après mon Rilcf? 

(.AUPOINTE, bai t* trtwmMrt, - Huilulr. 

Vingt francs pour toi si tu ne me nommes pas! 

COPULE, bu. 

Comment! 

LARDENOIS, k Godillé. 

Voyons! parle... l'instant est solennel!. . Qui est-ce qui a de- 
mandé des Anes? 

COPULE. bt-iiUnl. 

Dame! Monsieur .. c’est... {Eli* r**»rd« calipoioia, q«i W fait Je» 

iignf»-) 

IUKMM. 

Parle!... ou je t’endors... je t'écrase de fluide! 

CUPULE. 

Eh bien ! c’est... c’est vous! 

LARDENOIS. 

Moi??? 

GALIPOINTE. à part. 

Bravo! 

MFOLET, A pari. 

Il est toqué cet hommc-là !... il demande des ânes, il demande 
des crayons... il ne s’en souvient plus!... 

LARDENOIS. 

Comment!... lu oses soutenir que c’est tuoi?... moi!!! 

CUPULE, i<k rcMlutloa. 

Oui, Monsieur. 

caunoti. 

Tu l'auras oublié. 

RirOLST. 

Vous l’aurez oublié! 

LARDENOIS, le» regardant avec méfiance. 

Probablement... (a nifow.) Probablement... l’homme au gilet 
blanc! 

MFOLET, & part. 

Décidément il n’aime pas les gilets blancs! (n remonte.) 

LARDENOIS, à port. 

C’est clair... ils ont soudoyé celle naïve flamande!... 

GALIPOINTE, è port. 

Je l’cchappc belle!... (u rcmo»i« c»u*er aiec utoki.) 

LARDENOIS, • lui-mme, *«r le devant. 

Soyons fini... je vais leur tendre un collet!... (b**. ■ Cudnlt.) 
écoute ici !... Je le donnerai le double de ce qu’on t’a promis... 

CUPULE, ba». 

Quarante francs? 

LARDENOIS, bu, e( vittmeul. 

Là!... qu’est -ce que je disais?... (* port, montrant le p->i«gARI~ 
Met.) Ah! gredin!... (s'arrêteoi.) Après ça, c’est peut-être Gali- 
pointe!... (Montrant )• poing A Galipoiate.) Ail ! gredin!... (Bat, à G*. 

do le.; Tu vois bien ces deux hommes?... 

CUPULE, bas. 

Oui, M’ssieur!... 

LARDENOIS, bat. 

Tu vas aller leur dire à chacun dans l’oreille : Méfiez-vous! le 
mari sait tout! 

CUPUI.E, bas. 

Tout, qilOI ? ('.alipointe retinrent n gauche et Rifolet à droite.) 
LARDENOIS, bas. 

Ça ne te regarde pas !... Va !... je le paie l 

CUPULE, à part. 

Je veux bien, moi !... 

LARDENOIS, metlant «on binocle. 

Attention! 

CUPULE, bat, A Rifulet prêt duquel die paue *. 

Monsieur ! 

MFOLET, bat. 

Quoi? 

CUPULE , bas. 

Méfiez-vous! le mari sait tout! 

RIFUI.ET, k'alTatfainl sur 1a ebaiae prêt du guéridon, à part. 

Hein?... sapristi ! 

LARDENOIS, il pari. 

Il à chancelé!... c’est lui !... (Bat. a Cudnie.) Va-t'en! 

CUDCI.E, bu. 

El l’autre ? 

LARDENOIS. 

Ça suffit... mais lu n'auras que vingt francs!... (Kant, a Cati. 
iMMute.) Laisse-nous aussi... j'ai à causer avec Monsieur! 

MFOLET, à part. 

L’heure suprême est arrivée! 

GALIPOINTE. A part. 

Que se passe-t-il donc?... Oh! je le saurai!..* 

• GaH. Lar. Gutl. Hif. 


ENSEMBLE. 

Air. 
ai polit. 

O rencontre fatale! 

Je n’ai pu l’evilcr. 

La bombe «lu scandale 
Est bien pré* d'éclater. 

GV-DL'U. 

O rcoconlrc fatale! 

Il n’a pu l'éviter. 

La bombe (ta scandale 
Est bien près (l'éclater. 

«AuroiHTR. 

Tandis qu'en ce dédale 
Tout deux vont se jeter, 

Ma chance est uns égale : 

Sachons en profiter. 

LARDENOIS 

San* bruil et »an* scandale 
Il me faut l'écarter. 

Je saurai bien, morale. 

Te faire respecter. 

(Cali|iuintc tolr* à droit* au n* 5. Gvdnle aort par k fond.) 

SCÈNE XIV. 

LARDENOIS, RIFOLET. 

LARDENOIS, renaut k placer devant lifeltl- 

Monsieur ... le mari sait tout! et le mari, c’est moi ! 

RIFOLET, a* levant. 

Je m’en doutais... Vous arrivez de Saint-Sauveur? 

LARDENOIS, étonné. 

Hein?... (p'nnair fin.) Peut-être!... peut-être!... Qu’avez-vous à 
me dire pour votre justification?... 

RIFOLKT. 

Moi?... rien!... Que voulez-vous? je suis pincé!... (n au a» 

favori» *4 u pcrraqne blonde cl parait avec des ctoavtni noirs.) La feinte CSt 
désormais inutile... (il pote lé mot sur le guéridon.) 

LaRDENUIS, étonné. 

Comment!... tout ça n’est pas à vous? 

BIFOLET. 

Non! 

LABfiEKOtS. 

Pourquoi celle fourrure d’emprunt? 

RIFOLET. 

Pour ne pas être reconnu... puisque vous avez mon portrait. 

LARDENOIS, étonné. 

Moi?... (p’oo air an.) Peut-être !... peut-être!... (a part.) Qu’est- 
cc qu’il me chante ?... 

RIFOLET. 

A quoi m 'avez-vous reconnu? 

LAKDESOIS. 

A votre pantalon... * 

RIFOUtT. 

Tiens!... (cherchent A fit**.) Je vais en changer!... 

LARDENOIS, l'arrêtant. 

C’est inutile à présent!... Ça ne peut pas se passer comme ça! 
il me faut une satisfaction... 

RIFOLET, à part. 

Nous y voilà... (a part.) Je suis à vos ordres, Monsieur... maiv 
dépêchons-nous... je n’aime pas m’endormir sur un duel! 

LARDENOIS. 

Un duel? .. quand j’ai le droit de vous tuer... (Tout dwcMcd ) 
car j’ai le droit de vous tuer, mon ami !... 

RIFOLET. 

Comment! 

LARDENOIS. 

Mais je rêve une autre réparation! 

MFOLET. 

Laquelle ? 

LARDENOIS. 

Plus terrible!... plus cruelle!... plus raffinée!... 

RIFOLET, trèa-Afilé. 

Ah! mais Monsieur!... 

LARDENOIS. 

J’ai entrepris de vous couler... 

RIFOLET, effrayé. 

Comment! me couler!... Dans quoi voulez-vous me couler? 

LARDENOIS. 

Je veux vous dépoétiser... 

RIFOLET, raunré. 

Ah!... 

LARDENOIS. 

Je veux que vous cessiez d’être dangereux... de façon que 


Digrtize 


LES CHEVEUX DE MA FEMME. 


lorsque ' f0l,s proposerez vos Anes... on vous envoie promener 
bien loin. . Comprenez-vous? 

rifolet. 

Pas beaucoup! 

LARDEROIS. 

Ma femme va venir... 

«four. 


Elle est ici ?... 


LARDFJtOtS, ave o un rire tardoalqu*. 

Oui... elle est ici! 


airoLcr. 

Elle est arrivée de Saint-Sauveur?... 

LARDEROIS, MB» COMfTrtdW. 

Saint-Sauveur !... (D'«a»ir lia.) Peut-être!.... pcul-tlre Je 

vous laisserai seul avec elle... 

RIFOLET. 


Ah ! que vous êtes bon ! 

LARDER OIS. 

Mais j’exige que vous lui paraissiez ignoble , grossier , ma- 
nant !... 


RIFOLET. 


C'est impossible ! 

LARDEROIS. 

Afin qu'elle se dise : Mon Dieu! mon Dieu! quel chaudron- 
nier j’allais aimer! Mais auprès de cet animal-là , mon mari est 
un ange '....Vous omuneneeii i par garder votre rtw|H.au sur la 
tète... fee qui est très-goujat ! 

RIFÛLET. 

Devant une femme, jamais ... 

LARDERAIS , Irtt-douccancnt. 

Vous oubliez que j'ai le droit de vous tuer... 

RIFOLET. 

C’est juste! Allons! je ne la Saluerai pas... 

LARDEROIS. 

Ensuite, vous lui direî dos petites choses malhonnêtes! 

RIFOLET. 


Gomment ? 


LARDERAIS , montraat te R° 0. 


Air: 

JVuteiidral tout ; car de là je ne Itooge. 

Vout lut dires qu'elle a le» clievcus roux. 

Elle» jeu* verte, cl le ne* rouge... 

RIFOLET. 

Mal»... 

LARDERAIS. 

Je le veut, moi, sou époui! 

Obéisse*, ou craieuei mon courrou*! 

Vous dire* qu'elle a la peau noire, 

Que sa laille <•*! mal fuite, et cwlera... 

Or, mou cher Monsieur, veuille* croire 
Que pas un mot u’ esl vrai dans tout cela! 

Non, dieu merci! rien n'est vrai dans tout ça! 

RIFOLET. 

Eh bien! alors... 

LARDEROIS. 

Ce n’est pas tout ! 

RIFOLET. 

Il y a encore quelque chose? 

LARDEROIS. 

J'entends que vous lui fassiez l’aveu de votre passion.,., pour 
une autre femme !... Une femme du commun !... 

RIFOLET. 

Comment!... 

LARDERAIS. 

Pour votre blanchisseuse. . une grosse dondon , qui vous 
permet de fumer la pipe... Ça la dégoûtera! vous lui paraîtrez 

dégoûtant! (il M froU» le» nuis».) 

RIFOLET, protctUnt. 

Mais, Monsieur!... 

LARDERAIS. 

Vous oubliez que j'ai le droit de... 

RIFOLET. 

Oui... c'est convenu.... 

LARDEROIS. 

Je vais la chercher... Mettez toujours votre chapeau... (Rifolet 
le Dit.]... non pas comme ça!... sur le coin de Pareille... en cas- 
seur... c’est très-mauvais genre... (il lui arrange «n chapen*.} Bien... 
comme ça... (a part.) Il est re|>oussaut !... (Haut, et lui feMui on petit 
V ctle amiral d« la main.) A biClllùt... Ù bientôt. (A part.) Il est ignoble! 
lit taire au a* 6.) 



SCÈNE XV. 

RIFOLET, pui» GALII’OINTE. 

RIFOLET, *cul. 

Sapristi!... en voilà une situation!... Pauvre Edgarine! lui 
déclarer que ma blanchisseuse... (aalipoiata q«i «t wni du a* 5 *ur 

la potata de» pied». ea lui frappant aur l'épaule.) 

GALIPOIRTE *. 

A nous deux t 

RIFOLET. 

Quoi? 

GALIPOIRTE, nontraat l« a* 5. 

J'étais là... j’ai tout entenuu !... Cette dame va venir. .. je vous 
préviens que je me déclare son chevalier... 

RIFOLET. 

A la bonne heure! 

OALirotRTE. 

Et si vous n’ètcs pas courtois et respectueux avec elle... je 
vous brûle la cervelle!... 

RIFOLET, effrayé. 

Vous! avec quoi ?... 

GAI.IPOIRTE, tirant uu piatolet de aa poche. 

Avec ceci..- (a part.) non chargé! 

RIFOLET. 

Bigre! 

GALIPOIRTE, montrant u chambre. 

J'entre là... et je ne vous perds pas de vue!... à la première 
inconvenance, à fa première incivilité... en joue... feu! 

RIFOLET, triMoanaot. 

Brrr!... 

GiUFOIRTE, lai ûtaat tou chapeau et le lui aielUal tout le bru. 

Otez votre chapeau... là... comme ça... sous le bras... en 
gentilhomme... et sou venez- vous que si vous n’ètes pas gentil... 
(lui f»i*aut uu tiguc amical de U main.) A bientôt ! à bientôt!... (il 
mire au a° 5.) 

SCÈNE XVI. 

RIFOLET, pui. LARDENOiS et EULALIE. 

RIFOLET, teul. 

Ali ! mais, ça se complique!... je ne poux pourlant pas être 
insolent avec politesse .. cl respectueux avec grossièreté. Qu’ils 
s'arrangent!... (criant.) Arrangez-vous!... (n remuait.) 

LARDEROIS, lortaat du a* fl”. 

Chut!... voici ma femme!... 

RIFOLET, a part, t'arrêtant. 

Bien!... je vais avoir de l'agrement ! 

LARDEROIS, ialroduimut Eulalie 

Viens, chère amie... permets-moi de te présenter Monsieur... 
Monsieur!... (Bai h Rifolet.) notre nom?... 

RIFOLET, Us. 

Oscar!... * 

LARDEROIS. 

Monsieur Oscar!... un de mes amis qui désire vivement faire 
ta connaissance. 

EULALIE, aaliual. 

Monsieur... 

RIFOLET, Minant, Ma» U regarder. 

Madame!... 

LARDEROIS, bu. i Rifolet. 

Mettez donc votre chapeau pour saluer... (E«uii* va »aueoir 
de. tut U table de gauche et travaille.) 

RIFOLET, U*. 

Tout à l'heure, (a Eulalie. mu» u regarder.) Croyez, Madame, que 
c'est bien malgré moi... (u r«g»«uut.) Ah ! mon Dieu !... 
LAMMÜIOIS. 

Quoi?... 

RIFOLET, entraînant Larde au i* 4 l'écart, bas. 

Comment! é’est là votre femme? 

L.IRDF.ROIS , Ui. 

Sans doute! 

RIFOLET, bat. 

Mais ce n’est pas elle!*., je nu la connais pas!... 

LARDEROIS, incrédule, bas. 

Allons donc!.,, clic est connue, celle-là! papa la connaît, 
celle-là !... 

RIFOLET, bu. 

Quand je vous jure !... 

LARDF.ROIS, bat. 

Taisez-vous, et mettez votre chapeau!... (h*ri, I EaiaUc.) Ma 

* Kif. Gali. 

•• Lar. Kif. 

*** Eul. Lar. Rif. 


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• m- 

/» 




LES CHEVEUX HE MA FEMME. 


9 


bonne amie... cc cher Oscar prétend avoir déjà eu le plaisir de 
te rencontrer souvent dans le monde... 

. EILALIE. 

Ah!... (nepnitiit o*c*r.) Cardon, Monsieur, je ne me souviens 
pas.... 

LARDER01S, b pirt. 

Elle non plus!... elle est t rte- folie!... mais nous allons voir! 
(iiatn.) 4e vous laisse... j ai une lettre à écrire... ce bon Oscar te 
tiendra compagnie... C'est un jeune homme charmant... (b»*, à 
lUfuta.) Voire chapeau... (n«ut, k «a lennnc.) Bien élevé... iVu, à Ri- 
foUt.) Votre chapeau.., (Haut. à u b« w .) et d'une politesse en- 
vers les dames !... (Bu. « lufcut.) Mais mettez donc votre cha- 
peau !... (il le lui pluie wr U tût*.) 

HII CH.KT, à part ci regardant arec inquiétude «lu cùté de U chambre «le Gt- 

Upatete. 

Sapristi !... et l'autre qui m’u défendu... 

LAROENOIS, 4 EoUlie, en fiinul pa»i tt Rilulet prb d'elle. 

Adieu, chère amie, cause avec Oscar.., il est instruit... U a 
beaucoup voyagé !... 

EULAUE *. 

Ah !... Monsieur aime les voyages?... 

LAROC.XÛI». 

Lui!... il a été en Chine! (b**, a BlMrt.) Vous vous rappelez 
nos conventions? 

H I l'OLE T, b«<. 

Mais vous vous trompez !... 

L4BI>t.*0!S t tel, en touMrate U u° G. 

J’entre là .. et si vous » êtes pas grossier comme mi paveur... 
je vous brûle la cervelle! . v 

RIFOLET, te*. 

Hein?... avec quoi?... 

LARDETiOIS, lui montrant un pl.U>l«t, bu. 

Avec ceci ! (n pane m milieu.) 

RIFOLET, il part ". 

Ça fait deux!... je suis sûr de mon affaire!... 

l.AHW SolS, te*, 4 Kifül. l 

Dites donc, commencez par voire blanchisseuse,,. 

RIFOLET, bu. 

Mais je vous proteste... 

LAKbt.xOlS, lui arrangeant t*a chapeau, bat 

Ali! non... pas comme ça!... sur le coin de i 'oreille !... cVst 
extrêmement canaille! (tu*, à EuUUe.) Je vais écrire ma petite 
lettre... (a part.) Quand je le trouverai assez malhonnête... j’en- 
trerai... je le sou filèterai... et comme j’ai le choix des armes... 
ie n’en choisirai aueguo!... (i) M (wti* lu ••in*, bu, à Rifotet.) Al- 
lons !... votre blanchisseuse!... et vivement!.,. (u*ut, * utuM.) 
Cause avec Oscar... il a été en Chine... (u cmr« *u n* 0. «pr«* a«oir 
tait d* llMtt dni ufue* à Rilulei.) 

SCÈNE XVII. 

EULAUE, RIFOLET- 

RIFOLET, a part. 

Ma blanchisseuse!... sapriftli !... mais je ne la connais pas 
moi, cette dame !... elle a l’air fort bien... Irès-distinguee!7. ; 
comme c’est commode d’aller lui déclarer que j’ai une passion I 
dans la lessive!... 

EL' LA UE, tout as brodant. 

Monsieur... (Ula hd Indiqua gui cbaiie au fond, HiTolet t» la prendre 
rt rient i’«n«wr à une petite diitaace d’Eolalle. — Remarquant qu’il a i* 

cbapeaa *u» la Ota, à part.) Est-ce qu’il est enrhumé?... (Uant.) Mun- 
sirur... est-ce qu’on pénètre facilement dans l'Intérieur de la 
Chine ? 

RIFOLET, cherchant *e* parole*. 

Mon Dieu ! Madame, on y pénètre.,. sans y pénétrer... il y a 
une grande muraille... mais par les brèches... on se fauûJe... 

(a part.) Çu nous éloigne!.,. 

DUUB. 

Moi , je ne connais rien de plus beau que les voyages!... cette 
vie pleine d’aventures... d’imprévu, de (terils exalte l’imagioa- 
tiou et remplit le çœur de souvenirs!... 

RIFOLET. 

Oui... oui... sans doute... (a pan.) Ça nous éloigne! 

LARDENOIS, chantant eu debon. 

Garde à vous!... 

RIFOLET, â part. 

Et le mari qui s’impatiente!... 

EULAUE. 

Voyons?... Qu’esl-ce qui vous a le plus frappé en Chine? 


* Eu). Ri f. Lar. 

M Eul. Lar. Rif. 


KIFOLET. * part. 

Elle est ennuyeuse avec sa Chine! (n*ut.) Mais beaucoup de 
choses... 

LVRDESOIS, chiii Hui eu ile-hur*. 

Les blduclii»â«iiis'it fuut iMinm' ça... 

RIFOLET, n iirei lui hiuoti 

H y a d’abord les... blanchisseuses ! 

ELLA LIE» riMi. 

Comment !... les blanchisseuses!... 

RIFOLET, UrteUnt. 

Oui... des femmes qui blanchissent... il faut voo$ dJfe qu'en 
Chine... il v-a les blanchisseuses de gros... et les M.inrhis-cuses 
de fin... et alors .. C’est un payslrte-cuncux... (a part.) Dieu! 
que je dois avoir l’air bête ! 

EULAUE, À pari. 

Est-ce qu’il s© moquerait tic moi ? (liant.) Comptez-vous faire nn 
long séjour ù Spa? 

RIFOLET, riu-ment. 

(Mi! non!... dès que je pourrai filer!... car je puis dire que 
je m’y ennuie bien!... 

EVLALIE. 

Merci!... vous êtes galant!-., (L’o* «tend tourner fortement CalL 
puinte i droite.) 

RIFOLET, a droite, m levant. 

Ah ! bigre I... j'ai élé malhonnête!... c’est l’autre nui tous*©... 
(Haut et «iwTOcut.} Quand Ip dis aucjc m’y ennuie... c'est (>r*que 
je suis seul... {oiUmmeBt.} Mais dans une aussi aimable société... 

EULAUE. 

A la bonne heurt! ! («In voit palier le pUtolet de tentent*» qui ton**.) 

ntroi.rr, u garant a,ec ton coude. 

Ayel... (a part.) J'ai Ote poli ! 

EULAUE. 

Quoi?... 

RIFOLET, trb hant. 

Je ne parie pas de la vôtre!... 

EULAUE. 

Hein? (o* voit p aiu-r le pi*t,l*t de CillpoUite qui toute.) 

RIFOLET, ic parant a» oc ton euatde. à part. 

Ave! j’ai été malhonnête!.,, (u »e gare tour à tour et Timtcnt avec 
m deut coude*.} 

EL LA LIE, m leranl. 

Qu'avez-vous donc? 

RIFOLET, Irri-emu. 

Bien!.., rien!... il fait chaud ici... ajirte ça entre deux feux... 

fil été ion etepeau par négarde et le remet «i»cmeol, à part.) Nüu!.... 

J oubliais!... 

EULAUE, 

Mais vous pâlissez!... vous souffrez!. je vais appeler mon 
mari, M. Laracnois? % 

RIFOLET, tItcmM. 

Lardenois !... comment vous êtes madame Lardenoi*?... l’a- 
mie d’Edgariue?... 

EULAUE. 

Eli bien ? 

RIFOLET. 

Alors, je vous connais !... Vous avez une faux* natte?... 

EULAUE. 

Mais non. Monsieur !... (b«.) Taisez-vous donc ! 

RIFOLET. 

Mais si, Madame!.., jVn suis sûr!... 

I~.IT. A LIE, bu. 

Mais taisez-vous donc!... 


SCÈNE XVIII. 

Les même*, LARDENOIS, pmk GAUPOINTE. 

LARhElUllS, tortanl nvenicat du «° C* et tenant pré* de Rifolrt. à part *. 

Voilà le moment... (Haut, à HiWet.) Vous cil -avez menti, Mon- 
sieur ! vous êtes un drôle!... 

BULALip. 

Mon ami!... 

LAROE.XOI* **. 

Non ! laisse-moi le corriger! 

GALtlMUM t, Mrtaul du n° 5 «t «niant attire Lardcnu» «rt Rifulct 
C’est moi que cela regarde ! 

EIT.4I.IE, * part. 

Ah! mon Dieu!... une querelle pour moi! itM. « panam pré* 
de RiMm.) Arrêtez, Messieurs!... Monsieur, a ait vrai... ce» che- 
veux ne sont pas à moi. 

LAROEMllb ET GALIPQI.VE ”**. 

Comment ! 

* Eut. L*r. Rif. 

(• Eut. Lar. G«Ji. B«f. 

I-ar. Rat. Rir. G*li. 

" H Eut. Lar. Gati. Rif. 


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<0 


LES CHEVEUX DE MA FEMME. 


Kl l ALI K, • U r<l 

Pardonne-moi, mon ami, un p. u de coquetterie... les miens, 
dont lu es si fier, auront repoussé dan» un mois ! 

UMEKQK. 

Ils sont faux!... mais fiers cette méelw que j’ai coupée tantôt? 
El’UUt, 

Ne m'appartenait pas... 

filICMIU. 

Est-il possible!... (itahnmu u i**m*.\ Ali! que tu es gentille 
d'avoir du faux... dans les cheveux. (pan«»t pre* de Calipdau.) 
Cuuipreud-Mu ?... les Anes !... c'était pouf l'autre !... 

GAUPOivrç. 

L'autre qui?... à qui ces cheveux?... 

EVUUI. 

A une de mes bonnes amies... 

ilFOLET. 

Madame Galipoinle !... 

CAurourvE. 

Ma femme!... 

1.ARDO015, k pari. 

Ah! sapristi!... 

RIFOl.ET, i part , na eiplaûoïk. 

Le nutri!... Quelle boulette!... 

CALIKJIWTIt , étourdi. 

Cest imposai blet... cette partie d'dnes à Gavarnic... où est 
donc situé Gavarnie!... 

KULALIE. 

Dans les Pyrénées, pria de Saint-Sauveur... 

CALIPOINTE. 

Saperiolte!... 


SCÈNE XIX. 

Les mêmes, GUI il 'LE*. 


G LDL' LE, mirant par la tond, une Ultra k U tniio. 

M. Galipoinle... une lettre pour vous! .. 

UALIPOINTE, prenant la lettre et l'ouvrant. 

De Saint-Sauveur!... c'est de la tante de ma femme! (GuduU 

passe à drulle.) 

LA ROGNONS '*, bat i ta Uuiprva. 

Sans doute pour lui faire part de l'événement. 

EL'LAUK. 

Quel événement? 

LARUKMUS, »i.,-HMUil- 

Non... rienl... 

CA L1 POINTE, Usant. 

a Mon cher neveu, 

• Votre femme ne cesse de penser à vous; c'est un ange! 
a Elle ne veut prendre aucune distraction. » (parié.) le respire!.. 

LARWTNOIS , k pari. 

Ali!... ce n'est pas drôle!... 

GALIPOIYFK , lisant. 

* Cependant, sur mes instances, elle s'est décidée à faire, 
« apres-demain, avec un jeune voyageur nommé Arthur, une 
« excursion à Ane au cirque de Gavarnie!... ( Parlé. ) Gavarnie!... 

LaHOLNuls, à part. 

Ça devient plus drôle!... 

aiFOLET, à pari. 

Arthur! .. (il peu*»* »u ui de défaillance et wr Galipoinle.) 

GALIPOINIK , à Rifolet qui s'appuie «outre lui. 

Qu’est- ce que vous avez?... relevez-vous donc!... 

RIFOLET. 

Col l'émotion!... si vous saviez!... 

G AM POINTE. 

Quoi?... 

RIFOl.ET. 

Rien!... 


GALIPOINTK. 

C'est pour après-demain!... j'arriverai peut-être à temps !... 
(Allant à Cad «le***.) Vile, ma valise!... 

RIFOl.ET, allant i fiud«le** v *. 

La mienne aussi ! 


* Eut. Lar. M. Gai». Kif. 

«* F.ul. Lar. Gai.. Htr. Ünd. 

]'J I Lar. Rif. Gali. G lid. 
**” Eul. Ltr. Gai. Rif.GwJ, 


CALIPOtVTE, k Ri/olel. 

Vous IHUtetf... 

RIFOLET. 

Pour fv.tiijt S.tuvc tir!... 

GiLU'iu.VTI , loi prenant la main. 

Moi aiiaii... Noya voyagerons euM'tublc ! 

Liant. VUS, à part. 

Quelle chance!... (Haut a c.uii^ute.) Dis donc, tu nous tiendras 
au cournnt?.,. 

CALlPOtNTE. 

De quoi ?... 

igtineNnis. 

Eh bien!... de la partie «rênes... 

GALIPOINTE. 

Tu m’ennuies! (Giadule apporta à Galipoinle et à RI Md leuri valll»«t. 
LinOCKOIS. 

Cachetier!... (a part. ) Heurcusoment que j'ai les cltcveux de 
sa femme... cl en endormanl Eulalic... je pourrai suivre le cours 
dus événements... ça m'amusera!... (n ** frotta i« *ui»>.) 

CHCBUR. 

Air de Zerline. 

LARDKXOIS, ULAUB. 

volt, par un lmar<l propice. 

S'envoler un faUi soupçon. 

A “ a femme j* reuds justice; 

Le bonheur rende à. la maison. 

ÜAUPOIXTI, RIFOIET. 

Holas! par un terrible indice. 

Je sens naître un fatal soupçon. 

femme, au bord d'un précipice, 

Pourrait glisser sur le gaaon. 

LARUENOIS, au publie. 

Air : Un page aimait la jeune Adèle. 

Messieurs, nous tremblons d’ordinaire, 

Quand nous tourtion» au dt-uoAmenl. 

Que va décider lu jarterre? 

Sens-! -il sévère , indulgcut? 

{s’i»icrr»«npajjt. — Parlé.) Mais je suis bien bon de m’inquiéter..! 
j'ai un moyen de le savoir... je u'ai qu’à endormir ma femme.., 

(au\ autres pertnniugt*.) ÊloiglIUZ-VOUS... que le fluide opère... (il 
lail dua passe, magnétiques sur la tête de sa femme, qui «endort.) Lii!... 

elle dort !... Enlatie, m'enU-ndez-vous?... 

MILALIE. 

Oui, mon ami. 

lardemhs. 

Répondez... quel sera h* sort... (au publie.) Ne dites rien... ne 
vous en mêlez pu... nous verrons si ça s'accorde... ( a KuUife.) 
Quel sera le sort de ce charmant ouvrage?... 

El'LALI» :, souriant. 

Charmant ouvrage?... ce n’esl pas du Molière. 

LAROENolS. ■ 

Non... pas précisément... quant à ça, je crois que tout le 
monde sera à peu prés d'accord... 

EULALIE. 

Il v aurait beaucoup à dire sur les caractères... sur le fond... 
sur fa forme... sur... 

LARUKSûts , l’inlerruonpaat «Ivetneot. 

Assez!.. (La réveillant.) Comme elle y va!.,, (a calipomtc.) E>l-ce 
que tu crois au magnétisme, toi?... 

UALIPOINTE. 

Non! 

LvRDENOI*. 

Moi non plus!... c’est égal... (au public.) 

Suite de F air. 

Ce» sorauuinbulfls «ont perfid* »!... 

Pour nous faire un petit sucré». 

Vous, Messieurs , tuyes tnoiija lucide»... 

N’y regardes pas de trop ptès, 

El uuu» aurons notre sucres. 

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